Africville – Histoire d’une collectivité africaine néo-écossaise

La Nouvelle-Écosse, est le domicile de personnes d’ascendance africaine depuis plus de 300 ans. Les premiers arrivés étaient des esclaves au service de maîtres blancs mais tous ceux qui ont suivis étaient des affranchis, des Marrons, des loyalistes noirs venus se réfugier en Nouvelle-Écosse après la défaite des Britanniques en 1783, et  d’autres réfugiés de la guerre de 1812. Pour la petite histoire, plus du tiers des Loyalistes noirs déçus par leur expérience en Nouvelle-Écosse et des Marrons jamaïcains, ont choisi de se réinstaller en Sierra Leone en 1792.

Africville, située au nord d’Halifax fut fondé au 18e siècle par certains de ces immigrants noirs qui se cherchaient une nouvelle patrie. Cette collectivité africaine néo-écossaise, établie aux abords du port de Halifax a connu son lot de souffrances et de luttes contre la discrimination. Elle est aujourd’hui le symbole de l’oppression subie par les Canadiens noirs et des combats engagés pour redresser les torts qui leur ont été causés au cours de l’histoire.

Tout a commencé en 1848, quand William Arnold et William Brown, deux colons noirs, achètent des terres à Africville. D’autres familles les rejoignent et une petite communauté de 80 résidents se forme dans ce petit village côtier. En 1849 elle inaugure la Seaview African United Baptist Church, surnommée « le cœur battant d’Africville », lieu de communion où les principaux évènements de leur vie sont célébrés, mariages, funérailles, baptêmes, vigiles pascales. Une école est ouverte en 1883.

Cette vie communautaire afro-canadienne en train de s’organiser dérange et rien ne sera fait par les autorités de la ville pour leur rendre les choses faciles. Lors de la seconde moitié du 19e siècle, la municipalité implante à Africville des infrastructures et des industries dont les autres quartiers ne veulent pas; une usine de fabrication d’engrais, des abattoirs, un site d’élimination de déchets humains ainsi qu’un hôpital spécialisé dans les maladies infectieuses, sont imposés aux résidents. Les taxes sont levés mais aucun service n’est fournit aux habitants du petit bourg. Au cours de la première moitié du 20e siècle, des services municipaux comme le transport en commun, la collecte des ordures ménagères, les équipements de loisirs et la protection policière ne sont toujours pas fournis.

En 1953 la Nouvelle‑Écosse met fin à la ségrégation de son système d’éducation;  l’école d’Africville ferme ses portes et ses élèves sont transférés  dans des classes auxiliaires qui disposent de ressources limitées. Dans les années soixante le conseil d’Halifax vote en faveur de l’élimination « des logements insalubres et des structures délabrées de l’agglomération» malgré l’opposition des Africvilliens qui auraient préféré pouvoir améliorer leurs propriétés. En 1964 les premières expropriations commencent et les maisons sont rasées les unes après les autres. Malgré les promesses de la ville, les résidents d’Africville sont relogés dans des logements en mauvais état ou des habitations à loyer modique louées par la ville. Au printemps 1967 l’église est détruite au beau milieu de la nuit, ce qui sonne le glas de leur collectivité. Les derniers départs  ont lieu en 1969, certains démènagèrent à Montréal, à Toronto ou à Winnipeg. En 1970, un résident, Eddie Carvery, décide d’y retourner et d’y planter sa tente en guise de protestation.

Le 24 février 2010, Peter Kelly, maire d’Halifax, présente des excuses pour la destruction d’Africville, et promet de reconstruire son église comme un « lieu de pèlerinage pour ceux qui désirent rendre hommage à la lutte contre le racisme ». L’inauguration de ce qui est actuellement le musée d’Africville qui transmet l’héritage historique de la collectivité par des stands audiovisuels, des photographies, des panneaux descriptifs et des artéfacts eut lieu en 2012.

Malgré toutes ces difficultés, Africville a connu une vie culturelle très dynamique. La localité a longtemps eu sa propre équipe de hockey sur glace, les Brown Bombers et la Colored Hockey League (CHL) des Maritimes fut en grande partie dirigée par des Africvilliens tout au long de son existence, de 1895 à 1930. George Dixon (1870‑1908), premier Noir ayant remporté un championnat mondial de  boxe ainsi que la chanteuse Portia White (1911‑1968) sont originaire d’Africville. Le célèbre musicien Duke Ellington, dont le beau-père demeurait à Africville avait, quant à lui, l’habitude d’y séjourner lors de ses visites à Halifax.

Chaque été, des Africvilliens et leurs descendants organisent des réunions dans le parc, et bon nombre d’entre eux campent sur les lieux de leur ancienne demeure.

www.africvillemuseum.org

 

Sources et crédits : Tourismes Halifax – Encyclopédie canadienne – Musée de l’immigration Quai 21 – Africville Park et musée – Halifax Seaport – les Jardins publics d’Halifax – Peggy’s Cove et St. Margaret’s Bay regional tourism.