PSG : ça se corse pour Al-Khelaïfi

L’étau se resserre autour du président du PSG. Depuis Doha, il organise sa défense avec ses avocats et sa garde rapprochée.

Ce sera le grand absent de ce Dijon – PSG, et pourtant son ombre va planer sur la rencontre. On ne parle pas d’Edinson Cavani, le meilleur buteur parisien, mais de Nasser Al-Khelaïfi, le président du club de la capitale qui suivra la performance de ses joueurs depuis Doha. Si, du moins, il trouve un peu de temps à consacrer aux plaisirs d’un match de football.

Depuis vendredi, le dirigeant qatarien de 43 ans mis en cause par la justice suisse dans une affaire de corruption privée, escroquerie et gestion déloyale liée à l’octroi des droits médias des Coupes du monde 2026 et 2030, concentre toute son énergie à la préparation de sa défense.

Pour ce faire, il a été rejoint dans la capitale du Qatar par le prestigieux avocat Me Francis Szpiner et par le directeur de la communication du PSG, Jean-Martial Ribes.

Dans un premier temps, les trois hommes doivent s’appliquer à bâtir un contre-argumentaire face à la déferlante d’accusations dont est l’objet le patron de BeIN Media Group et du PSG. « Ce qui est compliqué pour Nasser Al-Khelaïfi, c’est de parler maintenant, commente un avocat habitué de ce genre de dossiers.

D’une part, il ne serait pas entendu, à cause de la déflagration médiatique ; et surtout, avant de prendre la parole, il a besoin de savoir ce que lui reproche exactement la justice suisse. »

La garde rapprochée de Nasser Al-Khelaïfi a même déjà préparé sa défense en rappelant que « Les droits télé en cause ne concernent que la zone Moyen-Orient/Maghreb, or dans ces pays-là, beIN Media n’a aucune concurrence. Pourquoi Nasser al-Khelaïfi aurait voulu corrompre certains protagonistes alors qu’il n’avait pas de concurrent ? »

Aucune daté encore fixée pour sa première audition

En tout cas, le Qatarien devra se montrer patient. En effet, il ne connaîtra, dans le détail, les charges pesant sur lui que lors de sa première audition par le procureur suisse. Celui-ci dirige l’enquête, à Lausanne, au sein d’une « task force » de plusieurs professionnels de la justice. Et pour l’instant aucune date ne semble avoir été fixée.

Cependant, on commence à y voir plus clair en recollant le puzzle des différentes perquisitions et de l’audition de Jérôme Valcke, l’ancien secrétaire général français de la Fifa, qui se sont déroulées jeudi à travers l’Europe. Dans l’interview qu’il a donnée hier à « l’Equipe », Valcke dévoile un volant des charges pesant sur les deux hommes.

« Ils (NDLR : les enquêteurs suisses) disent qu’il y a eu des versements d’argent de Nasser (Al-Khelaïfi) à moi (Jérôme Valcke) contre la vente de droits à un tarif préférentiel. »

Une villa saisie en Italie

En clair, le Français aurait bradé les droits de retransmission des Coupes du monde 2026 et 2030 à Al-Khelaïfi, patron de BeIN Media Group, en échange de sommes d’argent. Selon la loi suisse, il faut pour ouvrir une instruction pénale « des soupçons suffisants laissant présumer qu’une infraction a été commise ».

Cela y ressemble. Mais ce n’est pas tout. Car la deuxième lame est venue hier d’Italie. Dans un communiqué, la police financière a fait savoir qu’elle avait saisi une villa en Sardaigne appartenant à un groupe immobilier international.

Selon les enquêteurs transalpins, cette fameuse Villa Bianca, dont la valeur est estimée à 7 M€, « constitue le moyen de corruption utilisé par Nasser Al-Khelaïfi […] à l’encontre [de Jérôme Valcke] pour acquérir les droits télévisés relatifs aux Coupes du monde de la Fifa pour les années 2018 à 2030 ».

A ce stade, il nous est difficile d’établir un lien entre cette villa et la personne de Nasser Al-Khelaïfi. Et pour Me Stéphane Ceccaldi, l’avocat français de Jérôme Valcke, ce dernier n’a rien à se reprocher.

« Cette maison a fait l’objet d’un contrat de location qui a été payé par mon client, évoque Me Ceccaldi. Et je rappelle que, en tant que secrétaire général de la Fifa, M. Valcke n’avait pas de pouvoir de vote dans l’instance qui a choisi les attributaires des droits de retransmission. Il pouvait négocier les droits mais pas imposer un candidat au comité exécutif. »

En attendant de plus amples développements, le comité d’éthique de la Fifa a ouvert hier une enquête sur les soupçons de corruption visant Valcke et Al-Khelaïfi.

En outre, le fils de Jérôme Valcke a été salarié au PSG de Janvier à Juillet 2013. Et pour couronner le tout, le parquet national financier qui participait jeudi à la perquisition à BeIN Sports n’aurait pas apprécié l’attitude des équipes sur place.

Selon Lequipe.fr, celles-ci se seraient opposées au rapatriement de données informatiques hébergées à Doha, ce qui crée une réelle suspicion. On attend avec impatience la réponse de Nasser Al-Khelaïfi.

©Le Parisien