Israël-Palestine : nouvelle nuit de bombardements à Gaza, impasse diplomatique à l’ONU

Depuis le 10 mai, 200 Palestiniens ont été tués, dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées, dont un enfant, et 294 blessées par des tirs de groupes armés palestiniens de Gaza, dont le Hamas au pouvoir.

Les rues de Gaza restaient désertes, lundi 17 mai au matin, après une nouvelle série de bombardements nocturnes par l’armée israélienne, alors que le Hamas et Israël sont restés sourds aux appels internationaux à la désescalade.

Ces nouvelles frappes israéliennes surviennent alors que l’enclave palestinienne, contrôlée par le mouvement islamiste du Hamas, a enregistré, dimanche, son bilan quotidien le plus lourd depuis le début de ce nouvel épisode de violences : 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants et deux médecins, sont morts dans des raids, selon le ministère de la santé. Depuis le 10 mai, 200 Palestiniens ont été tués, dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 294 blessées à la suite de tirs de groupes armés palestiniens de Gaza, dont le Hamas au pouvoir.

Ces groupes armés ont tiré plus de 3 150 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités meurtrières, dont une grande partie ont été interceptées par son système antimissile, a expliqué, dimanche, l’armée israélienne. Il s’agit du rythme le plus élevé de projectiles jamais tirés sur le sol israélien, a encore fait savoir l’armée. « L’intensité de ce conflit, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant », s’est alarmé Robert Mardini, directeur général de la Croix-Rouge.

Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) espèrent la mise en place d’un corridor humanitaire, a fait savoir, lundi, Ely Sok, chef de mission Palestine pour MSF, interrogé par France Info. Le Programme alimentaire mondial a annoncé une aide d’urgence pour plus de 51 000 personnes dans l’enclave minée par la pauvreté et le chômage.

La crise actuelle a éclaté le 10 mai avec des roquettes tirées par le Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l’origine des manifestations, la menace d’expulsion forcée de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans le quartier Cheikh Jarrah. Les hostilités se sont étendues cette semaine à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l’armée israélienne ont fait 19 morts depuis le 10 mai, selon un bilan palestinien.

Le plus lourd bilan quotidien depuis une semaine

Assis en face de son habitation détruite, un Palestinien serre contre lui son fils, à Gaza, le 16 mai 2021. MOHAMMED ABED / AFP

L’armée israélienne a mené, aux premières heures lundi 17 mai, une intense série de bombardements sur Gaza. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne a pilonné la bande de Gaza à des dizaines de reprises en l’espace de quelques minutes, provoquant des coupures de courant, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

Des centaines de bâtiments ont été endommagés, d’après les autorités locales, qui n’ont pas fait état de victimes dans l’immédiat. L’armée israélienne a fait savoir, lundi, dans un communiqué, avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas et qui servaient pour certaines à « stocker des armes ».

Le Jihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de la bande de Gaza, a annoncé, lundi, la mort d’Hossam Abou Harbid, l’un de ses commandants, dans une frappe.

D’après le ministère de la santé à Gaza – enclave pauvre de deux millions d’habitants sous blocus israélien depuis quinze ans –, plus de 40 000 personnes ont fui leur logement cette dernière semaine pour se cacher des bombardements israéliens. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a expliqué y avoir ouvert une quarantaine d’écoles pour accueillir les déplacés.

L’immeuble abritant les locaux d’Associated Press et Al-Jazira à Gaza pulvérisé : « une cible parfaitement légitime » pour Nétanyahou

Les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) s’effondrent après avoir été frappé par l’armée israélienne, samedi 15 mai 2021. HATEM MOUSSA / AP

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a, dans une adresse aux Israéliens, réitéré que l’opération allait encore « prendre du temps » et appelé ses compatriotes à limiter leurs « activités en extérieur »« Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a-t-il affirmé.

Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, il a aussi justifié la frappe ayant pulvérisé la tour de 13 étages abritant les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP). C’était « une cible parfaitement légitime », a-t-il déclaré, affirmant se baser sur des informations des services de renseignement. « Nous avons pris toutes les précautions afin d’être sûrs qu’il n’y aurait pas de civils blessés », a ajouté Nétanyahou.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a exprimé lundi, lors d’un appel téléphonique à M. Nétanyahou, sa solidarité avec Israël, tout en exprimant son souhait de voir les hostilités « prendre fin le plus rapidement possible ».

Reporters sans frontières (RSF) a saisi, dimanche, la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs raids contre des locaux abritant des médias, considérant qu’ils pouvaient relever de « crimes de guerre ». L’armée israélienne a justifié la destruction de la tour de bureaux en affirmant qu’elle abritait « des moyens militaires » du Hamas, sans toutefois apporter de preuves.

Les Etats-Unis ont demandé lundi, par la voix de M. Blinken, à Israël de leur fournir des « précisions » sur la « justification » de cette frappe. Très prudent, il a affirmé ne pas avoir personnellement vu d’éventuelles informations partagées par les autorités israéliennes, et ne s’est donc pas prononcé sur la légitimité de la frappe. Il a par ailleurs déclaré :

« Israël a une responsabilité particulière au sujet de la protection des civils pendant qu’il se défend, et cela inclut absolument les journalistes. »

Emmanuel Macron et Abdel Fattah Al-Sissi « soulignent la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités »

Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, au palais de l’Elysée, le 17 mai. JULIEN MUGUET POUR «LE MONDE»

Emmanuel Macron a reçu le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, lundi après-midi à l’Elysée pour un entretien bilatéral. Les présidents français et égyptien ont souligné ensemble « la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités » au Proche-Orient, « partagé leur forte inquiétude face à l’escalade de violences en cours et déploré les nombreuses victimes civiles », a annoncé l’Elysée.

A l’issue de leur entretien bilatéral, le président français « a renouvelé son soutien à la médiation égyptienne » et les deux chefs d’Etat sont convenus de « continuer à se coordonner pour favoriser un cessez-le-feu rapide et éviter que le conflit ne s’étende », a ajouté l’Elysée. Une médiation est en cours, qui inclut l’Egypte, la Jordanie ainsi que l’Allemagne, avec le soutien de la France, a précisé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur RTL.

Aucune avancée diplomatique à l’ONU

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le 12 mai 2021, à Moscou (Russie). MAXIM SHEMETOV / AP

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni, dimanche, pour une nouvelle session d’urgence sur le conflit israélo-palestinien, la troisième en une semaine, sans adoption à ce stade d’une déclaration commune ni de propositions permettant d’aboutir à une cessation des hostilités. La session a donné lieu à des échanges de diatribes entre les deux parties opposées.

Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, a accusé Israël de « crimes de guerre », dénonçant « l’agression » de l’Etat hébreu contre « le peuple » palestinien et ses « lieux saints »« Le Hamas a choisi d’accélérer des tensions, utilisées comme prétexte, pour commencer cette guerre » qui a été « préméditée », a rétorqué l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis et à l’ONU, Gilad Erdan.

La violence « a le potentiel de déclencher une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable et d’encourager davantage l’extrémisme », a alerté dimanche le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. « Ce cycle insensé d’effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement », a-t-il insisté, alors que cette troisième session virtuelle n’a abouti à aucune avancée.

Les Etats-Unis continuaient, dimanche, à refuser toute déclaration conjointe permettant d’aboutir rapidement à un arrêt des hostilités. Depuis une semaine, Washington, isolé, a déjà rejeté deux textes proposés par trois membres du Conseil : la Norvège, la Tunisie et la Chine. Le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a regretté « l’obstruction » américaine pour faire adopter une déclaration.

@Le Monde avec AFP

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