Après l’affaire du ballon, les États-Unis et la Chine renouent contact à Munich

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a rencontré à Munich, en Allemagne, le représentant chinois Wang Yi, samedi 18 février dans la soirée. Tous deux ont eu un échange « franc et direct », alors que les relations entre les États-Unis et la Chine sont tendues depuis que l’aviation américaine a abattu un ballon chinois au large des côtes de la Californie, le 4 février.

La communication directe est rétablie entre Washington et Pékin, après deux dernières semaines très orageuses. Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, les deux puissances ont renoué contact. Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, s’est entretenu avec Wang Yi, membre du bureau politique du Parti communiste chinois.

La rencontre, qui faisait l’objet de multiples spéculations, a eu lieu à l’abri des médias. L’échange a été « franc et direct », a indiqué à des journalistes un haut responsable du département d’État sous couvert d’anonymat.

« Les États-Unis ne toléreront aucune violation de leur souveraineté »

Sans surprise, les deux hommes ont abordé le survol d’un ballon au-dessus du territoire américain début février, point de départ d’une crise diplomatique. Antony Blinken, qui avait annulé in extremis dans la foulée un rare déplacement à Pékin – lequel était censé rapprocher les deux pays –, a pris à partie son homologue chinois en lui disant que l’incident du ballon, finalement abattu par l’armée américaine le 4 février, ne devait « plus jamais se produire ».

« Le secrétaire d’État lui a clairement dit que les États-Unis ne toléreront aucune violation de leur souveraineté et que le programme de ballons de surveillance à haute altitude de la Chine avait été exposé aux yeux du monde », a indiqué le porte-parole du département d’État, Ned Price, en rendant compte de l’entretien.

Ce dernier a tout de même réitéré à Wang Yi le fait que les États-Unis ne cherchaient pas le « conflit » avec la Chine, ni une « nouvelle guerre froide », et que Washington entendait maintenir les lignes de communication ouvertes avec Pékin malgré leur rivalité.

Pékin tance la réaction « absurde et hystérique » de Washington

La rencontre a eu lieu à la demande de la partie américaine, précise Xinhua. L’agence officielle chinoise ne fournit pas ce dimanche matin de compte rendu détaillé de l’échange bilatéral qui a duré deux heures dans un lieu non divulgué, mais précise que Wang Yi a répété la « position solennelle de la Chine »

L’agence Chine nouvelle a indiqué, après la rencontre, que Wang Yi avait assuré à son homologue américain que les relations entre leurs deux pays avaient été endommagées par la réaction américaine. Le représentant chinois « a clairement exprimé la position solennelle de la Chine sur le soi-disant incident de l’aéronef » et « a exhorté la partie américaine à changer de cap, à reconnaître et à réparer les dommages que son usage excessif de la force a causés aux relations sino-américaines ».

Plus tôt samedi, le chef de la diplomatie chinoise avait livré une violente charge contre Washington, dénonçant sa réaction « absurde et hystérique » au survol d’un ballon.

« Il y a beaucoup de ballons dans le ciel, de différents pays. Voulez-vous abattre chacun d’entre eux ? Cela ne montre pas que l’Amérique est forte », s’est emporté à la tribune Wang Yi, qui a répété, devant un parterre de dirigeants et d’experts internationaux, que l’aéronef n’était qu’un objet « civil » de recherche météorologique ayant dérivé accidentellement.

Le rôle de la Chine auprès de la Russie abordé

Durant cette rencontre, Antony Blinken a également mis en garde Wang Yi contre les « implications et les conséquences » pour la Chine s’il s’avérait qu’elle apporte un « soutien matériel » à la Russie dans sa guerre en Ukraine ou l’aidait à échapper aux sanctions occidentales, a ajouté Ned Price.

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, également présente à Munich, a mis en question la neutralité affichée par la Chine. « Toute démarche de la Chine visant à fournir un soutien létal à la Russie ne ferait que récompenser l’agression, poursuivre les tueries et saper davantage un ordre fondé sur des règles », a-t-elle prévenu.

Wang Yi, de son côté, a présenté son pays comme un champion de la « paix », un mot répété une trentaine de fois. Il a redit que Moscou et Kiev devaient « s’asseoir autour de la table et trouver » une issue « politique » au conflit. Le 24 février, cela fera un an qu’a débuté l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

Les Européens, et notamment l’Allemagne et la France, espèrent toujours convaincre la Chine de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine afin qu’il mette un terme à la guerre. Paris avait estimé jeudi que « le temps de la reconnexion » avec la Chine, où le président français Emmanuel Macron se rendra bientôt, était venu.

Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, lui aussi à Munich, a appelé samedi les Occidentaux à « ne pas faire la même erreur avec la Chine » qu’avec la Russie, qui a créé des liens de dépendance énergétique avec l’Europe.

Ce alors que Wang Yi doit maintenant se rendre à Moscou pour préparer un sommet entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, probablement après la réunion du Parlement chinois en mars prochain.

 

 

@et avec AFP

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