Grèce : après l’accident ferroviaire meurtrier, la police perquisitionne la gare de Larissa

La justice veut comprendre comment un train de passagers a pu être autorisé à emprunter la même voie qu’un convoi de marchandises, avec lequel il est entré en collision frontale, tuant au moins cinquante-sept personnes.

La police grecque a perquisitionné la gare de Larissa, vendredi 3 mars au matin, dans le cadre de l’enquête concernant les causes de la collision meurtrière entre deux trains survenue mardi soir. Les enquêteurs ont saisi « tous les documents » potentiellement utiles, a fait savoir un porte-parole de la police à l’Agence France-Presse (AFP). L’accident ferroviaire, qui a fait au moins cinquante-sept morts selon la police, est imputé à une erreur du chef de gare de cette ville du centre du pays, localité la plus proche du lieu de la collision.

La justice veut comprendre comment un train transportant 342 passagers et dix cheminots a pu être autorisé à emprunter la même voie qu’un convoi de marchandises, avant d’entrer en collision frontale avec lui.

« Nous demandons la vérité »

Les Grecs réclament des comptes aux autorités. Ils ont été appelés à manifester vendredi soir, en silence. « Nous vivons une tragédie indescriptible, nous pleurons la perte injuste de dizaines de personnes, principalement des jeunes, nous demandons la vérité », peut-on lire dans l’appel à la manifestation.

A Thessalonique, la deuxième ville du pays, quelque 2 000 manifestants ont protesté jeudi soir, laissant éclater leur colère à coups de jets de pierre et de cocktails Molotov. Des centaines de personnes ont protesté le même jour devant le siège à Athènes d’Hellenic Train, une entreprise achetée en 2017 par FS dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique (2009-2018). Des habitants de Larissa avaient, eux aussi, manifesté, portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « La privatisation tue ».

Devant la justice, le chef de gare de 59 ans, poursuivi pour « homicides par négligence » et « blessures corporelles », a avoué son « erreur ». Il risque la prison à vie si sa culpabilité est établie. Des médias, dont la chaîne publique de télévision ERT, ont mis en avant son inexpérience, puisque, selon eux, il avait été nommé à ce poste il y a quarante jours seulement, après un emploi au ministère de l’éducation et une formation de trois mois. Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a mis en exergue les manquements à la sécurité sur la ligne incriminée, assurant que toute la signalisation « est faite manuellement » et que « depuis l’an 2000 les systèmes ne fonctionnent pas ».

« Pathologies chroniques du secteur public »

Les cheminots sont appelés à la grève vendredi pour la deuxième journée consécutive, la confédération des syndicats du rail dénonçant « le manque de respect dont ont fait preuve les gouvernements au fil du temps envers les chemins de fer grecs, ce qui a conduit » à ce drame. « Nos demandes constantes de recrutement de personnel permanent, de meilleure formation, mais surtout d’adoption de technologies de sécurité modernes ont toutes été définitivement jetées à la poubelle », ont déploré ces organisations.

 

@Le Monde avec AFP

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