La Cisjordanie «au bord de l’éruption»

Dimanche soir, des dizaines de colons israéliens sont entrés à Huwara, petite ville du nord de la Cisjordanie occupée, pour venger la mort de deux d’entre eux par des tirs palestiniens un peu plus tôt.

Cette journée et cette nuit de violences dans la région de Naplouse place la Cisjordanie occupée « au bord de l’éruption », écrit le quotidien Haaretz, au-dessus d’une photo de dizaines de voitures, brûlées cette nuit par des colons israéliens à Huwara.

Ce lundi, la Une du Jérusalem Post est coupée en deux. A gauche, la photo des deux frères israéliens tués par balle un peu plus tôt hier alors qu’ils passaient en voiture près de cette ville. A droite, les flammes de maisons incendiées à Huwara, par des colons israéliens cherchant à se venger de cette attaque.

« Ces colons commettent des crimes de guerre », assure un activiste palestinien interrogé par Middle East Eye. « Ils agissent dans l’esprit du gouvernement fasciste en place », renchérit une députée arabe israélienne citée par la correspondante de ce média panarabe basé à Londres.

 À l’extrême-droite de l’échiquier politique israélien, un député de la coalition au pouvoir salue, de son côté, « la dissuasion » créée selon lui par l’attaque des colons. Cela alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahu a tout de même appelé les citoyens à ne pas se faire justice eux-mêmes.

Mais deux mois après la prise de fonctions de ce gouvernement, le plus à droite de l’histoire d’Israël, « force est de constater que les terroristes palestiniens ne sont pas particulièrement impressionnés par la nouvelle politique israélienne », ou « par la peine de mort promise par le gouvernement à ces terroristes », écrit Haaretz, qui critique aussi le manque de préparation des forces israéliennes. « Alors qu’on pouvait s’attendre à la fureur des Juifs en réponse à l’attaque palestinienne, les forces de l’ordre n’étaient pas assez nombreuses, et ont eu du mal à contrôler la situation », souligne le journal.

Une réunion tenue hier en Jordanie entre des responsables sécuritaires israéliens et palestiniens n’a finalement pas aidé à faire baisser la tension. Un communiqué publié hier évoquait le gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie pendant quatre mois, rapporte le Times of Israël, mais Benyamin Netanyahu a rapidement nié tout engagement en ce sens, quelques heures plus tard, écrit le journal.

Migrants en Italie : « le massacre des innocents »

La presse italienne dénonce le « massacre » d’au moins 62 migrants morts dans le naufrage de leur bateau au large de la Calabre dans la nuit de samedi à dimanche. C’est le mot choisi par le Corriere della Sera, mais aussi par le quotidien La Stampa, qui parle du « massacre des innocents », au-dessus de la photo, terrible, du corps de l’un des naufragés, allongé sur une plage couverte de débris de bois.

Un journaliste de La Repubblica qui s’est rendu sur place décrit le vent, force 5, les immenses vagues, et des dizaines de cadavres alignés sur cette plage de Calabre. Des enfants, des parents, des sœurs, des frères, venus d’Afghanistan, du Pakistan, ou encore d’Iran, précise-t-il. Le vieux bateau de pêche sur lequel ils naviguaient est parti de Turquie. Mais en approchant des côtes italiennes, les passeurs ont vu des lampes torches. Ils ont cru que la police les attendait, raconte le Corriere della Sera. Alors ils ont changé de cap, mais le bateau n’allait pas assez vite à leurs yeux. Ils ont donc jeté des passagers à la mer : au moins 20 personnes d’après les témoignages recueillis par une ONG locale.

En réaction, la commission européenne appelle à avancer sur la réforme du droit d’asile dans l’Union européenne. La cheffe du gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni fait part, elle, de sa « douleur », et assure que son objectif est d’empêcher les départs. Des déclarations fustigées par une porte-parole de l’ONG de secours en mer Sea Watch, dans une tribune publiée par La Stampa : « ce que peut faire concrètement l’Italie, écrit-elle, c’est aider les personnes qui sont en danger en mer ». Or cette même porte-parole dénonce les entraves mises en place par l’exécutif italien aux bateaux de secours, « enchaînés aux ports » selon elle, car ils n’ont plus le droit désormais de mener plusieurs sauvetages à la suite : ils doivent rentrer après chaque opération de secours.

Le son de cloche est bien différent dans le quotidien de droite Il Giornale« Une fois de plus, les ONG prétendent faire la loi dans un pays souverain », rétorque le journal, pour qui l’Italie déploie déjà d’énormes moyens en mer, sans que ces efforts soient reconnus, écrit une éditorialiste.

En Chine, un banquier d’affaires disparu réapparaît 

China Renaissance Holdings Ltd, entreprise du secteur de la finance spécialisée dans les nouvelles technologies, n’avait plus de nouvelles de Bao Fan, son fondateur et dirigeant, depuis près de deux semaines. Il est réapparu, a annoncé ce dimanche l’entreprise basée à Pékin. Le richissime homme d’affaires  « coopère à une enquête ouverte par les autorités chinoises », écrit la firme dans un communiqué cité par le média économique chinois Caixin. De quoi « confirmer les spéculations » selon lesquelles Bao Fan a bien été arrêté, écrit le South China Morning Post. Le grand quotidien de Hong Kong appartient aujourd’hui au fondateur d’Alibaba, Jack Ma, qui avait lui-même disparu pendant plusieurs mois en 2020. Un consultant cité par le journal souligne que « de nombreux investisseurs craignent que Pékin ne renforce sa répression sur le secteur des nouvelles technologies ».

 

 

@Justine Fontaine RFI

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