Iran: les forces de sécurité tirent sur des manifestants après un hommage à Mahsa Amini

Ce mercredi 26 octobre marque le quarantième jour suivant le décès de la jeune Iranienne Mahsa Amini, morte alors qu’elle était détenue par la police des mœurs. Une date hautement symbolique qui marque traditionnellement la fin du deuil dans ce pays, et qui pourrait donner un nouvel élan à la mobilisation.

Les tensions restent extrêmement fortes dans tout l’Iran, au 40ᵉ jour suivant la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, décédée le 16 septembre après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran, pour un port du voile jugé non conforme.

Dans la matinée, mercredi, des milliers de fidèles ont défié les mesures de sécurité mises en place pour rejoindre le cimetière Aichi à Saghez, la ville d’origine de Mahsa Amini, dans la province du Kurdistan iranien, et lui rendre hommage. Les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu et tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants rassemblés sur la place Zindan, dans le centre de la ville, a affirmé le groupe de défense des droits des Kurdes en Iran, Hengaw, cité par l’AFP. Internet a aussi été coupé dans toute la ville pour des « raisons sécuritaires ».

Les images sont impressionnantes : on peut voir sur plusieurs vidéos une longue foule silencieuse qui chemine le long d’une route de campagne jusqu’au cimetière où repose Mahsa Amini. Sur d’autres vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des centaines d’hommes et de femmes sont réunis à Saghez pour protester contre le régime. « Mort au dictateur ! », les entend-on clamer. Les femmes, comme elles le faisaient déjà il y a 40 jours, brandissent leur voile.

https://twitter.com/IranNewsUpdate1/status/1585192356802068480

Menace contre la famille de Mahsa Amini

Les autorités iraniennes avaient pris des mesures pour tenter d’empêcher les rassemblements attendus pour cette date symbolique qui marque le 40e et dernier jour de deuil pour la jeune Iranienne, rapporte notre correspondant à Téhéran Siavosh Ghazi. Des policiers anti-émeutes avaient notamment été déployés dans la capitale dès mardi.

De même, les écoles, les lycées et les universités sont fermés dans la province du Kurdistan et dans la ville d’Ardébil, qui a connu des manifestations violentes la semaine dernière. Raison officielle invoquée : la propagation de la grippe dans ces deux régions.

https://twitter.com/IranNewsUpdate1/status/1585192073971781632

Selon plusieurs militants, les forces de sécurité avaient également mis en garde les parents de Mahsa Amini : pas de cérémonie de commémoration, comme c’est normalement la tradition pour un 40ᵉ jour de deuil, ni de réunion autour de sa tombe. Un communiqué publié mardi soir par l’agence de presse officielle Irna confirme l’information. La vie de son frère serait aussi menacée pour empêcher la famille de braver l’interdit, et depuis plusieurs jours, aucun de ses proches ne s’adresse plus aux médias.

Mardi 25 octobre déjà, des manifestations avaient eu lieu dans plusieurs universités du pays pour dénoncer la répression exercée par les forces de sécurité, accusées d’avoir battu des écolières la veille. « Nous nous battrons, nous mourrons, nous reprendrons l’Iran ! » : ont scandé des manifestants à l’université de technologie de Sharif à Téhéran.

Deux membres des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont été tués par balle par des inconnus mardi, à Zahedan, dans le sud-est. Cette région a été touchée par plusieurs jours de violences déclenchées le 30 septembre, lors de manifestations contre le viol d’une jeune fille imputé à un policier, qui ont fait au moins 93 morts selon l’ONG Iran Human Rights (IHR).

Au moins 234 personnes sont mortes depuis le début des mobilisations, selon l’IHR. Des centaines de personnes ont été arrêtées et leurs proches dénoncent des tortures et des viols commis en incarcération.

 

@RFI

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