La Banque centrale européenne augmente ses taux d’intérêt de 0,25 point, septième hausse depuis juillet 2022

En renchérissant le crédit, la BCE veut freiner la demande de prêts immobiliers, à la consommation ou pour les investissements des entreprises, et ainsi ralentir la hausse des prix.

La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois relevé ses taux d’intérêt, de 0,25 point de pourcentage, jeudi 4 mai, en tenant compte à la fois du timide repli de l’inflation, hors prix de l’énergie, et de la faible croissance économique en zone euro.

En poursuivant une série de six hausses de taux depuis juillet 2022, la BCE estime qu’elle a encore du chemin à faire avant de terminer son cycle de resserrement monétaire. « Ce n’est pas le moment » d’arrêter de relever les taux, a prévenu fin avril son économiste en chef, Philip Lane. Jeudi, les 26 membres du conseil des gouverneurs de la BCE ont disposé d’une panoplie de données fraîches pour décider de l’ampleur d’une nouvelle hausse. Une majorité d’économistes tablaient, avant l’annonce, sur un relèvement de 0,25 point de pourcentage, après 0,5 point en mars.

Le taux qui fait référence, en rémunérant les dépôts bancaires excédentaires dormant au guichet de la BCE, est donc porté de 3 % à 3,25 %. En renchérissant le crédit, la BCE veut freiner la demande de prêts immobiliers, à la consommation ou pour les investissements des entreprises et ainsi faire ralentir la hausse des prix.

La BCE n’a pas donné d’indication claire sur la suite du cycle de hausses de taux. Les décisions futures de la BCE « garantiront que les taux directeurs seront amenés à des niveaux suffisamment restrictifs pour permettre un retour rapide de l’inflation à l’objectif à moyen terme de 2 % », selon un communiqué publié à l’issue de la réunion de politique monétaire. Pour se décider, l’institution veut conserver « une approche fondée sur les données » économiques.

Une hausse forte des taux pourrait créer de nouvelles tensions

L’inflation en avril a navigué encore bien au-dessus de l’objectif de 2 %, regagnant 0,1 point de pourcentage, à 7 %, après des mois de ralentissement. Mais en excluant les prix de l’énergie, de l’alimentation, du tabac et de l’alcool, l’inflation « sous-jacente » a reculé pour la première fois en un an, à 5,6 % contre 5,7 % en mars, selon Eurostat.

Un ralentissement significatif de l’inflation n’est pas attendu à court terme, à voir les hausses de salaire consenties dans plusieurs secteurs, comme en Allemagne pour les employés des services publics. Dans le secteur bancaire, les conditions d’octroi de prêts se durcissent comme jamais depuis la crise de la dette souveraine de 2011 et la demande de crédits s’en ressent, selon les dernières données de la BCE. Le resserrement monétaire fait ainsi progressivement son effet : « Tous ces impacts vont continuer à se diffuser dans l’économie progressivement, ce n’est pas fini », a pronostiqué M. Lane.

Si le danger de crise bancaire présent en mars s’est éloigné, une hausse forte des taux pourrait créer de nouvelles tensions. Enfin la faible croissance du produit intérieur brut de la zone euro, de 0,1 % au premier trimestre, atteste de la baisse de régime souhaitée par la BCE, mais aussi de la vulnérabilité de l’économie de la zone euro.

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait relevé, comme attendu, son taux directeur d’un quart de point, ce qui a d’abord ravi le marché. Mais les investisseurs n’ont pas apprécié les déclarations de Jerome Powell, le président de la Fed, qui a certifié qu’« aucune décision sur une pause n’a été prise aujourd’hui » et a écarté l’idée d’une baisse des taux cette année. Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt des dettes des Etats-Unis et des Etats européens sont restés stables, jeudi.

 

 

@Le Monde avec AFP

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