Loi 101 et avenir du français au Québec – Peut-on protéger une langue en l’enfermant dans un carcan ?

Les préoccupations concernant l’avenir du français au Québec reviennent de façon récurrente dans l’actualité politique québécoise. Des préoccupations légitimes, pour une langue minoritaire en Amérique du Nord et pour la seule province francophone du Canada. La lecture de certaines statistiques permet cependant de tempérer le catastrophisme ambiant et à saveur électoraliste qui ressort assez périodiquement.
Le Français comme langue d’enseignement n’est pas en recul, ni au Québec ni globalement dans le reste du monde. Au Québec si on s’attarde aux Cegep, cible d’une supposée extension de la loi 101 on nous dit que la progression des francophones qui vont au cegep en anglais est de 1.6 % alors que c’est plus que le double, de 3.4 % pour les anglophones qui vont au cegep en français et de 7.7% pour les Allophones qui vont au cegep en français. Notons que 65,9% des Allophones vont au cegep en français en 2020-2021. Ce n’est pas rien. Il y a une réelle volonté d’apprendre le français et de continuer à apprendre en Français. Sur un plan plus global on compte une augmentation de 8% d’apprenants du français dans le monde et 51 millions d’apprenants du français comme langue étrangère. Dans le palmarès des effectifs de français langue étrangère (FLE) en 2018, le Canada avec 1,7 millions est devant l’Allemagne mais également la Tunisie et l’Espagne.
Pour revenir au Québec, rappelons que la loi 101, qui est la charte de la langue française introduite par Camille Laurin en 1977, fait du Français la langue officielle de l’État et des tribunaux mais également la langue de travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires.
Elle stipule en son article 72 (au chapitre VIII de la loi) que L’enseignement se donne en français dans les classes maternelles, dans les écoles primaires et secondaires sous réserve d’ exceptions prévues dans ledit chapitre, par exemple, pour les enfants dont le père ou la mère est citoyen canadien et a reçu un enseignement primaire en anglais au Canada.
Cette loi ne s’applique donc pas au cegep mais une pression forte est en train de se faire pour que ce soit le cas. En quoi cela serait-il pertinent ? Et peut on s’arrêter un moment pour penser aux effets d’une telle mesure ?

Écouter la chronique de la cité de Khady Sowsur Anchor :

Le Québec devrait aussi s’appuyer un peu plus sur son immigration africaine subsaharienne pour la promotion du français. Cette immigration qui sait se faire si discrète mais qui regorge de talents et d’expertises et dont l’espace géographique d’origine, l’Afrique subsaharienne, est actuellement le bassin le plus fertile de la francophone. 44% des locuteurs quotidiens en français sont de l’Afrique subsaharienne et Océan indien comparativement à 7% en Amerique-Caraibes, 15% en Afrique du Nord et 33% en Europe. 72.8% des apprenants en français en 2018 sont de l’Afrique subsaharienne et Océan indien comparativement à 6,4% en Amerique-Caraibes, 20.5% en Europe, 0.2% en Afrique du Nord- Moyen-Orient (mais 46% en français langue étrangère),  et 0.1% en Asie-Oceanie. L’avenir de la francophonie sera africaine subsaharienne sans nul doute et le Québec a la chance de compter sur cette immigration francophone hors pairs ainsi que des relations aucunement entachées d’un quelconque colonialisme avec l’Afrique contrairement à ses cousins français.
Pour finir il est peut-être temps au Québec, pour les identitaires non-inclusifs, adeptes des lois répressives ou dites de défense, d’arrêter de se défendre et d’embrasser la diversité, de partager mais aussi de s’enrichir des autres. Il est temps de revoir cette notion d’une identité québécoise figée dans le temps, non évolutive. Cette identité devrait s’enrichir de sa diversité, intégrer sa pluralité, à l’image de la société québécoise actuelle.

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