A Gaza, une trêve fragile s’installe entre Israël et le Jihad islamique

L’armée israélienne, dont les raids, depuis vendredi, ont fait quarante-quatre morts selon le Hamas, a annoncé avoir mené ses dernières frappes juste avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu.

La trêve annoncée entre Israël et le Jihad islamique palestinien (JIP) s’annonçait précaire à Gaza. Jusqu’aux dernières minutes avant le début de ce cessez-le-feu, mis en place dimanche 7 août à 23 h 30, heure locale (22 h 30, heure de Paris), et obtenu grâce à une médiation de l’Egypte, l’armée israélienne dit avoir mené des frappes sur des positions du groupe armé palestinien à Gaza « en réponse à des roquettes tirées » vers le sud du territoire israélien, où les sirènes d’alerte ont retenti.

Dans la nuit, la trêve semblait toutefois tenir bon, aucune partie ne faisant état de violation majeure de l’accord quatre heures après son entrée en vigueur. L’émissaire des Nations unies (ONU) pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a salué sur Twitter cet accord, mais a affirmé « que la situation reste très fragile »« J’exhorte toutes les parties à respecter le cessez-le-feu », a-t-il ajouté.

Le bureau du premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a confirmé l’entrée en vigueur à 22 h 30 de cette trêve, tout en soulignant que son pays « se réserve le droit de répondre fermement à toute violation ». Il a également remercié l’Egypte, médiateur historique entre Israël et les groupes armés palestiniens, « pour ses efforts ». A Gaza, où il est implanté, le JIP avait, lui, confirmé qu’il « cesserait les hostilités » à partir de cette heure-là, mais avait aussi averti qu’il se réservait « le droit de répondre à toute [nouvelle] agression » israélienne.

Réouverture des points de passage

Lundi matin, des camions transportant du carburant sont entrés dans le sud de la bande de Gaza par le point de passage de marchandises israélien de Kerem Shalom, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Les points de passage entre l’Etat hébreu et la bande de Gaza, fermés mardi par Israël, ont été rouverts « pour des besoins humanitaires lundi », a annoncé dans un communiqué le Cogat, l’organe du ministère de la défense israélien qui supervise les activités civiles dans les territoires palestiniens. « Le retour à la routine se fera en fonction des développements de la situation et si la sécurité est respectée », ajoute le communiqué.

L’unique centrale électrique de Gaza, fermée samedi en raison d’un manque de carburant, a redémarré lundi après la livraison permise par la réouverture de la frontière. A Gaza, le directeur de l’hôpital Al-Chifa a affirmé que son établissement avait besoin d’urgence de médicaments et d’électricité pour pouvoir continuer à soigner les blessés.

Joe Biden salue la pause des hostilités

Dans un communiqué diffusé dimanche soir, le président américain, Joe Biden, a salué cette pause des hostilités, et remercié le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi pour le rôle joué par son pays dans sa négociation. M. Biden a également demandé que des enquêtes soient menées sur les victimes civiles, dont la mort est une « tragédie ».

Dimanche, dix-sept Palestiniens dont neuf enfants ont été tués par les raids israéliens notamment sur le camp de Jabaliya, la ville de Gaza et Rafah, a fait savoir le ministère de la santé du mouvement armé palestinien Hamas, au pouvoir dans l’enclave sous blocus israélien depuis plus de quinze ans. Depuis le début vendredi de l’opération israélienne dans Gaza, « quarante-quatre Palestiniens sont tombés en martyrs dont quinze enfants » et « trois cent soixante ont été blessés », selon un dernier bilan du ministère, qui a fait en outre état d’immeubles entiers détruits par les bombardements.

Dans la journée et en soirée, le Jihad islamique avait lancé des salves de roquettes en direction de Jérusalem et d’autres villes en Israël, mais la grande majorité ont été interceptées par le système de défense antimissiles israélien, selon l’armée. Les sirènes d’alarme ont retenti dans plusieurs villes pour alerter sur les tirs de roquettes et des habitants ont accouru dans les abris.

Trois personnes ont été blessées en Israël par les tirs de roquettes depuis vendredi, selon des secouristes. D’après l’armée, des centaines de roquettes ont été tirées à partir de Gaza depuis vendredi, mais la grande majorité ont été interceptées. Les autorités israéliennes ont par ailleurs affirmé que certains des Palestiniens tués auraient péri de tirs ratés du JIP vers Israël – les roquettes seraient tombées dans l’enclave palestinienne.

L’armée israélienne a présenté son opération lancée vendredi comme une « attaque préventive » contre le Jihad islamique, au cours de laquelle ses principaux chefs militaires à Gaza, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour, ont été tués, de même que plusieurs combattants du groupe. La mort des chefs militaires a été confirmée par le JIP, considéré comme « terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Le premier ministre israélien a qualifié la frappe qui a tué samedi Khaled Mansour de « résultat extraordinaire ».

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L’Egypte va œuvrer pour la libération de deux prisonniers du Jihad islamique

Les autorités israéliennes ont affirmé craindre des représailles du JIP après l’arrestation de Bassem Al-Saadi le 1er août en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. L’Egypte doit s’employer à obtenir la libération de M. Saadi et d’un autre responsable du Jihad islamique, Khalil Awawdeh, détenu dans une prison israélienne depuis décembre 2021 dans le cadre de l’accord de trêve de dimanche soir. Ces deux derniers jours, quelque quarante membres du JIP ont été arrêtés par les forces israéliennes en Cisjordanie.

La confrontation entre Israël et le Jihad islamique est la pire depuis celle entre Israël et le Hamas en mai 2021. Cette dernière avait fait en onze jours deux cent soixante morts côté palestinien, dont des combattants, et quatorze morts en Israël, dont un soldat, d’après les autorités locales.

 

@Le Monde avec AFP

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