L’armée vénézuélienne effectue de grandes manœuvres jusqu’à ce dimanche. Le président Nicolás Maduro, qui a fermé 49 médias, défie Donald Trump.
Le pouvoir vénézuélien se met en ordre de marche. En réponse à la « menace » du président américain Donald Trump, l’armée est mobilisée jusqu’à dimanche soir pour de grandes manœuvres militaires. Chars débarquant sur la plage, hélicoptères survolant un barrage, tireurs d’élite en tenue de camouflage : à Caracas, les forces de l’ordre et les miliciens ont défilé samedi, tandis que des partisans du gouvernement vêtus de rouge se sont, eux, essayés au maniement du fusil ou aux techniques de combat, dans le cadre d’« une marche anti-impérialiste ».
Le coup d’envoi de ces manœuvres baptisées « Souveraineté bolivarienne 2017 » a été donné samedi par le chef de l’État vénézuélien Nicolás Maduro et son ministre de la Défense Vladimir Padrino López. Au cours du week-end, 200 000 soldats et 700 000 miliciens, réservistes et civils armés devraient montrer leur force. « Au peuple et à la FANB [armée vénézuélienne, NDLR], prenez en charge la défense du territoire et de la souveraineté », a écrit Nicolás Maduro sur Twitter. Après des exercices de tir samedi, des manœuvres de combat sont prévues dimanche. « Ce sera un exercice très bénéfique pour la défense intégrale du pays » face à l’« agression de l’empire », selon le ministre de la Défense.
Trump avait évoqué « une possible option militaire »
Ces grandes manœuvres militaires avaient été ordonnées dès la mi-août par le chef de l’État socialiste, en réponse à la déclaration de Donald Trump évoquant « une possible option militaire si nécessaire » au Venezuela. Nombre de pays d’Amérique latine avaient pourtant rejeté la perspective d’un recours à la force. Vendredi, la Maison-Blanche a certes écarté toute action militaire à court terme. En revanche, déterminé à démontrer que les États-Unis ne resteraient pas immobiles face à la crise dans ce pays, le président Trump a signé un décret interdisant d’acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela ou par la compagnie pétrolière nationale PDVSA.
Riche en ressources pétrolières mais pauvre en liquidités, le pays, dont la dette est estimée à plus de 100 milliards de dollars, redoute le spectre d’un défaut de paiement. « Ces mesures ont été soigneusement calibrées pour priver la dictature Maduro d’une source cruciale de financement », a souligné la Maison-Blanche. Le président vénézuélien a convoqué vendredi pour une réunion urgente les entreprises américaines qui achètent du pétrole au Venezuela afin d’analyser les sanctions imposées à Caracas. Le pays sud-américain vend en effet aux États-Unis 800 000 des 1,9 million de barils de sa production quotidienne.
Maduro ferme 49 médias
Les exercices militaires du week-end relèvent d’une « propagande » dont « Maduro a besoin », estime Rocio San Miguel, experte en questions militaires. Le président en a besoin en interne, « pour élever le coût d’une quelconque trahison au sein de l’armée, une perspective qui inquiète les services de renseignements », et en externe, « pour réaffirmer le discours anti-impérialiste qui trouve un certain écho en Amérique latine », déclare-t-elle à l’Agence France-Presse. L’armée est le principal soutien du gouvernement vénézuélien, lequel lui a conféré un grand poids politique et économique. Ces derniers mois, l’opposition vénézuélienne a appelé à plusieurs reprises l’armée à rejoindre sa cause. Mais à l’exception de quelques actions isolées, celle-ci est jusqu’ici restée loyale à Nicolás Maduro.
Si l’armée est étroitement surveillée, les médias, eux, sont soumis à une censure de plus en plus stricte. Quarante-neuf médias ont été fermés par le gouvernement vénézuélien en 2017, a dénoncé samedi le principal syndicat de journalistes du pays, trois jours après la coupure du signal de deux grandes chaînes de télévision vénézuéliennes privées, RCN et Caracol. Très critiqué, Nicolás Maduro est confronté depuis début avril à une violente vague de contestation qui a fait au moins 125 morts et des milliers d’arrestations. L’opposition considère le président vénézuélien comme responsable de la grave crise économique que traverse le pays. Elle lui reproche également d’avoir fait élire une assemblée constituante « fantoche », fin juillet. Cet organisme s’est emparé des pouvoirs législatifs de l’Assemblée nationale, la seule institution du pays contrôlée par l’opposition depuis la fin 2015.
Source LePoint.fr