Explosion à Beyrouth : les Libanais manifestent contre leurs dirigeants, une conférence des donateurs organisée dimanche

Les secouristes poursuivaient, samedi, leurs opérations sur les lieux de la catastrophe, alors que soixante personnes sont toujours portées disparues.

Quatre jours après l’explosion au port de Beyrouth, qui a dévasté une partie de la capitale libanaise, plus de 60 personnes sont toujours portées disparues, a précisé un responsable du ministère de la santé, dans la matinée du samedi 8 août. « Le nombre de morts s’élève à 154, dont 25 qui n’ont pas encore été identifiés », a-t-il ajouté.

L’ambassade de Syrie au Liban a fait savoir que quarante-trois de ses ressortissants figurent parmi les morts, sans préciser toutefois si ces derniers sont inclus dans le bilan communiqué par les autorités libanaises.

Le ministère de la santé libanais avait en outre affirmé, la veille, qu’au moins 120 des plus de 5 000 blessés mardi étaient toujours dans un état critique. L’épouse de l’ambassadeur des Pays-Bas au Liban est décédée, samedi après-midi, des suites de ses blessures.

Des secouristes libanais, français, allemands, russes et d’autres nationalités poursuivaient, samedi, leurs opérations sur les lieux de l’explosion pour tenter de retrouver des survivants.

Une grande manifestation prévue

La déflagration dans le port de Beyrouth a été provoquée par plusieurs tonnes de nitrate d’ammonium stockées depuis six ans dans un entrepôt « sans mesures de précaution », de l’aveu même du premier ministre libanais.

Celle-ci, la plus dévastatrice jamais survenue dans le pays, a également mis à la rue des centaines de milliers de personnes, alimentant la colère de la population contre la classe politique, accusée d’incompétence et de corruption.

Des milliers de Libanais sont attendus samedi à un grand rassemblement à Beyrouth contre leurs dirigeants, qu’ils rendent responsables de cette catastrophe. Sur la place des Martyrs, où les participants commençaient à converger pour manifester sur le thème « Le Jour du jugement », des potences ont été installées.

Le chef du parti Kataëb (Les Phalanges libanaises), Samy Gemayel, a annoncé samedi sa démission ainsi que celle des deux autres députés du parti historique chrétien. Leurs départs viennent s’ajouter à ceux de deux autres parlementaires cette semaine : celui du député Marwan Hamadé, du bloc du chef druze Walid Joumblatt, et celui de la députée Paula Yacoubian, élue sur la liste de la société civile au Parlement.

« Le peuple libanais doit prendre une position historique. Un nouveau Liban doit émerger sur les ruines de l’ancien, que vous représentez », a lancé M. Gemayel à l’adresse de la classe politique, critiquant sans le nommer le président, Michel Aoun.

Ce dernier a rejeté vendredi toute enquête internationale sur l’explosion, estimant qu’elle ne ferait que diluer la vérité. Une vingtaine de fonctionnaires du port et des douanes ont été interpellés, selon des sources judiciaire et sécuritaire. Parmi eux, le directeur général des douanes, Badri Daher, et le président du conseil d’administration du port, Hassan Koraytem.

Emmanuel Macron coprésidera une visioconférence des donateurs

Le président de la République française, Emmanuel Macron, va coprésider, dimanche avec les Nations unies, une visioconférence dans le cadre des efforts déployés pour mobiliser la communauté internationale après la catastrophe, a fait savoir l’Elysée.

Celle-ci, qui doit commencer à 14 heures, heure de Paris, sera destinée à mobiliser des fonds pour le Liban, mais aussi à définir des moyens d’assurer que l’aide sera directement acheminée aux populations et aux ONG, comme l’a promis le chef de l’Etat français, jeudi, lors d’une visite dans la capitale libanaise.

Samedi matin, le président des Etats-Unis, Donald Trump, avait tweeté que la visioconférence réunirait « le président Macron, les dirigeants du Liban et des dirigeants d’autres endroits dans le monde ». Le locataire de la Maison Blanche précisait en outre qu’il y assisterait : « Tout le monde veut aider ! », a-t-il estimé.

Par ailleurs, l’Autriche a annoncé qu’elle allait débloquer un million d’euros pour aider le Liban. Ces fonds vont être mis à la disposition du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ainsi que d’ONG autrichiennes, afin de fournir nourriture et logements aux sinistrés. Vienne, dont l’ambassade au Liban a été endommagée lors de l’explosion, n’a pas donné de calendrier précis concernant ce transfert de fonds.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, qui s’est rendu à Beyrouth pour témoigner de la « solidarité » des Européens « choqués et attristés », a assuré aux Libanais qu’ils n’étaient « pas seuls ». L’UE a déjà débloqué 33 millions d’euros.

Le chef de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, ainsi que le vice-président turc, Fuat Oktay, et le chef de la diplomatie turque ,Mevlüt Cavusoglu, se sont également rendus samedi dans la ville pour témoigner de leur soutien.

@Le Monde avec AFP et Reuters

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