La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah condamnée à cinq ans de prison en Iran

L’arrestation, en juin 2019, de l’anthropologue avait été dénoncée par la France, qui réclame sa libération, tout comme son comité de soutien à Paris.

L’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah a été condamnée à cinq ans de prison pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale », a déclaré, samedi 16 mai, son avocat, Saïd Dehghan. Son arrestation, en juin 2019, avait été dénoncée par la France, qui réclame sa libération, tout comme son comité de soutien à Paris.

Selon Me Dehghan, qui n’a pas précisé la date de la condamnation, la chercheuse écope aussi d’une peine d’un an d’emprisonnement pour « propagande contre le système » politique de la République islamique, mais elle doit purger seulement la peine la plus longue. Ces deux condamnations peuvent néanmoins faire l’objet d’un appel.

La France « condamne avec la plus grande fermeté » la peine prononcée par l’Iran contre Fariba Adelkhah, qui « n’est fondée sur aucun élément sérieux ou fait établi et revêt donc un caractère politique », a déclaré, samedi, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué.

« Cette terrible nouvelle, aussi révoltante qu’inacceptable, suscite chez nous tous la colère, la tristesse et l’indignation, mais elle ne nous conduit pas au renoncement. »

Très affaiblie par une grève de la faim

Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, souvent accusés d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité.

La chercheuse avait été très affaiblie par une grève de la faim de quarante-neuf jours entre fin décembre et février, selon son avocat. Il avait indiqué récemment que la chercheuse souffrait d’une « maladie rénale, conséquence de (sa) grève de la faim ».

Après sa grève de la faim, son comité de soutien s’était alarmé des risques de propagation de l’épidémie de Covid-19 dans les prisons d’Iran, un des pays les plus touchés au monde avec près de 7 000 morts. Samedi, le comité a dénoncé samedi le « processus opaque » dans lequel s’est déroulée la procédure judiciaire, l’apparentant au « procès de Kafka ».

Son compagnon arrêté puis libéré

Son procès s’était ouvert le 3 mars devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. La deuxième audience a eu lieu le 19 mars selon son avocat. Son collègue et compagnon, Roland Marchal – lui aussi chercheur au CERI de Sciences Po Paris –, arrêté en juin 2019 alors qu’il venait lui rendre visite, a été libéré à la fin du mois de mars alors qu’était libéré simultanément en France un ingénieur iranien menacé d’extradition vers les Etats-Unis, Jalal Rohollahnejad.

Vu qu’« au moins deux personnes doivent être impliquées » dans l’accusation de « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale », il se peut que la deuxième personne en question soit M. Marchal, dont l’affaire n’a pas été classée en dépit de sa libération, a avancé M. Dehghan. Il estime que l’accusation de « propagande contre le système politique » se réfère à l’avis de la chercheuse sur le port du voile en Iran, mais, selon lui, il s’agit de remarques d’une universitaire avant tout, plus que d’un jugement de valeur.

© Le Monde avec AFP