«Zéro, OK, fine, de «bine» à White power !

Vous serez plusieurs à vous demander à quoi correspond un tel alignement de mots. Au «OK sign» , à ses significations, à son évolution surtout qui en fait aujourd’hui un symbole du White power, des groupes suprémacistes blancs.
Ce symbole 👌 on est bien d’accord voulait dire beaucoup de choses et non «White power» jusqu’à récemment. Utilisé dans les cultures grecque, romaine,bouddhiste et Hindoue avec diverses variantes, il ne date pas d’aujourd’hui,encore moins de la société américaine, du «circlegame» ou «jeu de bine» comme on dit au Québec. Il est aussi utilisé dans le langage des signes et en plongée pour communiquer. Des utilisations positives la plupart du temps.
Sous d’autres cieux, européens, africains, sud-américains, de l’Asie, du Proche ou Moyen-Orient c’est une autre paire de manches. Cela va de «zéro» «nul» à d’autres qualificatifs peu valorisants. Dans certaines cultures cela renvoie même au mauvais œil ou à une insulte.
En Amérique du Nord, aux États-Unis plus précisément ce geste était utilisé pour manifester son appréciation d’une chose, d’une situation, d’une ou de plusieurs personnes etc. «Ok» ou «fine» cela reste positif, encourageant, à encourager ou juste un signe d’assentiment, de ralliement innocent; comme on a vu sur des photos de Barack Obama, de Hillary Clinton ou de son mari, l’ex-président Bill Clinton. Des photos que sortent les défenseurs de l’utilisation du OK sign…en 2021.
Le contexte est important et il a changé. Entre-deux, on a eu Donald Trump et toute l’effervescence suprémaciste autour de lui et de son mouvement MAGA. Il y a eu un regain de mobilisation des adeptes de la supériorité de la race blanche, de la défense de l’homme blanc, des théories de remplacement parties de l’Europe et qui ont resurgies en Amérique, portées par des chroniqueurs et des activistes qui ont campé ce qui est aujourd’hui une guerre des cultures. Les autres contre l’Homme blanc, l’Américain, le Français, le Québécois comme il se conçoit dans son identité unique, figée, blanche et supérieure à toutes les autres «races» et «cultures».
Ce qui était OK ne l’est plus !
Cela a commencé en 2017 par un canular selon le New York Time. Des utilisateurs d’un forum de discussion anonyme et libre de restrictions ont initié “l’Opération O-KKK” dans le but de se jouer des médias grands publics, estampillés fake news et des «libéraux» «progressistes» «woke» en leur faisant croire que ce geste, encore anodin, était en réalité un symbole caché du White power. Ils voulaient créer une fake news mais ils ont dû surestimer ceux qui les suivaient… leur canular a plutôt convaincu les néonazis, membres du Klan, Proud boys, Génération identitaire et toute la clique de suprématistes et nationalistes blancs au point qu’ils en ont fait leur signe de ralliement mais également d’oppression de ceux qu’ils identifient comme minorités.
Les lettres formées par ce geste de la main n’étaient plus O et K, mais W et P, pour ‘white power’”.

                                  

Il est intéressant de voir comment la position des doigts change la perception également.
Une utilisation symboliquement fort qui fait qu’on ne peut plus ignorer le caractère haineux du symbole. On serait tenté de se dire qu’on veut résister, qu’il n’appartient pas aux suprémacistes mais la vérité est qu’ils se l’ont approprié et ne pas se démarquer de ce signe ne fera que rendre difficile l’identification de ces extrémistes, de leurs actes, délits et autres manifestations haineuses.
Un symbole brandi par les suprématistes, partisans du MAGA et de son incarnation Donald J Trump. On peut penser aux Proud Boys, dont le fondateur Gavin MC Innés qui est également le fondateur du Magazine Vice. Vice qui s’est aussi beaucoup intéressé au origines du Circle game… un malheureux hasard ? Peut-être bien.
Un symbole, celui-là même assimilé à ce jeu, circlegame ou jeu de bine, la paume en bas, qu’a brandi BrentonTarrant, suprémaciste blanc qui a tué 50 personnes dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande lors de sa 1ère apparition au tribunal en mars 2019, après son attentat terroriste. Un fait largement couvert par les caméras, par les chaînes d’information, partout dans le monde. C’était il y a 2 ans. Un oubli ne peut survenir si tôt. Un manque de sensibilité, peut-être.

Cet emoji fait maintenant partie de la liste des symboles haineux constituée par la Ligue Anti-Diffamation, au même titre que le salut nazi ou les signes de ralliement du Ku Klux Klan. Selon cet organisation non gouvernementale, la police et le public doivent être pleinement informés de la signification de ces images, qui peuvent servir de premier signal d’alerte pour la présence d’ennemis dans une communauté ou une école.
Est-ce raisonnable de continuer à dire que non, ce n’est pas vrai que ce signe est un symbole de haine? Il ne l’était pas, oui ! Il l’est devenu, comme la svastiska, la croix gammée, ne l’était avant le nazisme !
On peut essayer encore une fois de fermer les yeux, de minimiser la force des symboles, de fierté et de suprématie mais rappelons-nous ce qui est arrivé et faisons en sorte que l’histoire ne bégaie pas; qu’il n’y ait pas de nouveaux juifs à force de cultiver le nationalisme identitaire.
À bien des égards le recours au symbolisme reste risqué, tout simplement. Quelle est la proportion de population réfractaire aux vaccins qu’on peut convaincre avec cette publicité du ministre de la santé par rapport à celle hésitante, culturellement peu ouverte aux vaccins ou dont les croyances religieuses feront voir un signe de L’antéchrist ? Quand j’ai lu les commentaires de gens qui y ont accolé le «666», j’ai pensé à certaines conversations que j’ai eu avec des personnes convaincues que cette maladie fait partie de celles annonciatrices de l’apocalypse et que ce ne sont pas les vaccins qui vont nous sauver ! Ces personnes ont encore moins de chance d’être convaincues, même par un nouveau message. Elles restent pourtant des cibles importantes pour cette campagne de vaccination. Des gens qu’il faut inclure.

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