Côte d’Ivoire: le procès de l’attentat terroriste de Grand-Bassam s’ouvre

Le procès des accusés de l’attentat de Grand-Bassam s’ouvre, mercredi 30 novembre, au tribunal criminel d’Abidjan. Les faits remontent au 13 mars 2016, lorsque 19 personnes et 3 militaires ont perdu la vie au cours d’une fusillade survenue dans cette station balnéaire située à une quarantaine de kilomètres à l’est de la capitale ivoirienne. À l’époque, cet attentat avait été revendiqué par les terroristes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

L’enquête a permis d’interpeller quatre personnes : le chauffeur qui a convoyé les armes, un homme qui a fait le repérage des lieux et deux personnes qui ont hébergé le commando terroriste. Parmi les autres suspects figure Mimi Ould Baba, présenté par la justice ivoirienne comme le commanditaire de cet attentat : ce dernier est en prison au Mali. Il y a aussi Fawaz Ould Check, alias « Ibrahim 10 », condamné au Mali pour l’attentat du bar-restaurant « La Terrasse ». Et puis il y a aussi Kounta Dallah, présenté comme l’un des cerveaux de l’attentat, toujours en fuite dans le Sahel.

En tout, la justice a inculpé 18 personnes d’« actes terroristes », d’« assassinat » et de « détention illégale d’armes ». Tous ne seront pas présents dans le box des accusés ce mercredi.

Premier attentat terroriste de l’histoire de la Côte d’Ivoire

Les faits se sont déroulés un dimanche calme, sur la plage de Grand-Bassam, vers 12h30. Avant que ces trois assaillants attaquent la plage prisée et tirent sur la foule, faisant 19 morts le 13 mars 2016, la Côte d’Ivoire se sait depuis des mois dans le viseur des jihadistes. Deux mois plus tôt, une attaque terroriste avait fait 30 morts à Ouagadougou. Abidjan est alors sous haute sécurité, mais les islamistes frappent ailleurs : à 40 km de la capitale.

Aux alentours de 12h30, à l’heure du déjeuner en ce dimanche ensoleillé où amis et familles issues de la classe moyenne aisée ivoirienne et de la communauté expatriée française profitent de la cité balnéaire, classée patrimoine mondial de l’Unesco, soudain, selon les témoins, trois hommes arrivent par la mer à bord d’une pinasse, une embarcation de fortune servant de taxi collectif.

Ils accostent et tirent avec des AK-47 sur tout ceux qu’ils croisent. Parmi la foule, c’est d’abord la stupeur, certains ne fuient pas, croyant entendre des pétards, puis c’est le sauve-qui-peut, et enfin le carnage.

Les terroristes se déchaînent sur les clients des hôtels et les passants qu’ils abattent un par un. Ils passent d’un établissement à l’autre : l’Hôtel du Sud, plus proche de la mer, le Corail Beach et la Paillotte, tous deux côte à côte un peu plus loin.

Le bain de sang dure au moins quarante-cinq minutes avant l’arrivée des forces spéciales ivoiriennes. Celles-ci sont aujourd’hui critiquées pour leur réaction trop lente. Elles sont appuyées par des blindés, des véhicules équipés de mitrailleuses lourdes et des chasseurs traditionnels dozos. Ils installent leurs boucliers et tirent sur les islamistes, la fusillade est brève, mais violente : les trois terroristes et trois militaires sont tués.

Parmi les 19 personnes tuées se trouvaient neuf Ivoiriens, quatre Français, un Libanais, une Allemande, une Macédonienne, une Malienne, une Nigériane et une personne non identifiée. Trente-trois autres sont blessées. Parmi les rescapés de cette attaque : Patrick Colin, un Français de 64 ans expatrié à Grand-Bassam et qui est à la tête de l’établissement balnéaire « La Nouvelle Paillotte ». Il se trouvait aux premières loges lorsque les terroristes ont ouvert le feu.

 

@RFI

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