Les attaques qui avaient touché Bruxelles en mars 2016 ont fait trente-deux morts et ont été perpétrées par la même cellule à l’origine des attentats du 13-Novembre à Paris. Les débats démarreront lundi et dureront jusqu’en juin 2023.
Avec neuf accusés qui font face à un millier de parties civiles, la cour d’assises de Bruxelles ouvre, mercredi 30 novembre, un procès hors norme pour déterminer les responsabilités dans les attentats djihadistes qui se sont déroulés à Bruxelles en 2016. L’audience s’est ouverte à 9 heures avec le tirage au sort du jury populaire, prévu sur une journée.
Les débats qui doivent durer jusqu’en juin 2023 démarreront lundi prochain. Six ans et demi après les pires attaques subies par la Belgique en temps de paix, ce procès s’annonce comme le plus grand jamais organisé devant une cour d’assises belge. Au matin du 22 mars 2016, deux djihadistes s’étaient fait exploser à l’aéroport de Bruxelles-National à Zaventem, et un troisième une heure plus tard dans le métro de la capitale européenne, causant au total trente-deux morts et plusieurs centaines de blessés.
Les attaques, revendiquées par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), sont survenues quatre jours après l’arrestation à Molenbeek de Salah Abdeslam, seul membre vivant des commandos du 13 novembre 2015. Les enquêteurs ont rapidement constaté qu’elles avaient été perpétrées par la même cellule à l’origine du bain de sang dans la capitale française (cent trente morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre).
Neuf accusés dans le box, un dixième jugé en son absence
A l’époque, ces djihadistes ont d’autres projets en tête, notamment de frapper l’Euro 2016 en France, mais ont agi dans la précipitation après l’arrestation de Salah Abdeslam. A ce procès, neuf hommes sont attendus dans le box, dont Mohamed Abrini, un Français de 33 ans et ami d’enfance de Salah Abdeslam. Un dixième, Oussama Atar, dirigeant de la cellule, sera jugé en son absence, car il est présumé mort en Syrie. Au total, six de ces dix accusés ont déjà été condamnés, la plupart très lourdement, dans le procès-fleuve achevé en juin à Paris pour le 13-Novembre.
Parmi eux figure aussi Osama Krayem, qui a accompagné l’assaillant du métro bruxellois avant de rebrousser chemin et de se débarrasser de ses explosifs. Au procès parisien, ce djihadiste suédois décrit comme un « combattant aguerri » est resté mutique sur son rôle précis dans la cellule.
« Je ne m’attends pas vraiment à beaucoup de réponses », a affirmé Sandrine Couturier, partie civile, qui compte venir faire face aux accusés. « Mais j’ai envie de me confronter à ce que l’être humain est capable de faire, il faut que j’accepte que tout le monde n’est pas bon. » Présente sur le quai du métro Maelbeek au moment de l’explosion dans une rame, cette directrice d’association souffre encore de stress post-traumatique. Des « pertes de mémoire » et des « problèmes de concentration » qui resurgissent à l’approche du procès, a-t-elle expliqué.
Trente-six jurés désignés lors de la première journée
Les épisodes d’anxiété, voire de dépression, sont encore très fréquents pour les rescapés et témoins interrogés avant le procès par l’Agence France-Presse (AFP). Plusieurs ont aussi décrit leur pénible combat pour obtenir des assurances la prise en charge des soins médicaux. Les victimes ont été « abandonnées à leur sort par l’Etat belge », a dénoncé le collectif Life4Brussels qui représente près de 300 parties civiles.
Ce collectif avait déjà exprimé sa colère à la fin de septembre lors de l’annonce du report du procès en raison d’un box des accusés non conforme au droit européen. L’équipement initialement prévu, un box compartimenté en cellules individuelles vitrées, avait suscité un tollé du côté de la défense. Il a dû être démonté et remplacé, ce qui a entraîné un retard de près deux mois.
Outre le nouveau box, collectif et « semi-ouvert », offrant une meilleure communication de part et d’autre de la paroi vitrée, les regards se tourneront mercredi vers les sièges des jurés. Situation inédite en Belgique, la cour d’assises va en désigner trente-six. En plus des douze titulaires, vingt-quatre jurés suppléants siégeront tout au long des débats pour pallier d’éventuelles absences. Sous peine d’invalider le procès, il faut absolument respecter ce nombre de douze citoyens pour assister les trois magistrats professionnels au moment de la délibération pour le verdict.