Royaume-Uni : Boris Johnson remanie son gouvernement pour se refaire une santé politique

En chute dans les sondages, le premier ministre britannique espère retrouver un second souffle. En raison de son inaction lors de la crise afghane, le chef de la diplomatie a été remercié.

Après un an et demi d’une crise du Covid-19 très douloureuse pour le Royaume-Uni et un départ d’Afghanistan très critiqué, et alors que le Brexit perturbe les approvisionnements du pays, le chef du gouvernement cherche un second souffle. Après des semaines de rumeurs, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a décidé de remanier son gouvernement, mercredi 15 septembre, pour former une « équipe unie » en vue de l’après-épidémie.

Parmi les figures du gouvernement que la presse disait menacés, le chef de la diplomatie, Dominic Raab, a été remercié. Ce libéral de 47 ans s’était vu reprocher son inaction lors de la crise afghane, restant en vacances en Crète alors que Kaboul tombait aux mains des talibans à la mi-août. Il avait ensuite semblé rejeter sur l’armée la responsabilité de certaines erreurs commises lors des évacuations, menées dans une impréparation apparente qui a provoqué la colère dans les rangs conservateurs.

La ministre du commerce extérieur, Liz Truss (46 ans), personnalité réputée pour sa popularité auprès de la base conservatrice, le remplace à ce poste stratégique, alors que le Royaume-Uni cherche à renforcer sa place sur la scène internationale après le Brexit. M. Raab devient ministre de la justice avec le titre de vice-premier ministre, poste qu’il occupait de facto jusqu’alors, dirigeant le gouvernement au printemps 2020 quand M. Johnson, malade du Covid-19, avait été hospitalisé.

Le ministre de l’éducation, Gavin Williamson, quitte le gouvernement, comme le laissait prévoir sa gestion de la fermeture des écoles pendant les confinements et le fiasco des examens qui a suivi, de même que ceux de la justice, Robert Buckland, et du logement, Robert Jenrick.

Chouchou de la presse conservatrice, le jeune et populaire ministre des finances, Rishi Sunak, 41 ans, a en revanche été confirmé.

La ministre de l’intérieur, Priti Patel, pourtant donnée sur la sellette étant donné son incapacité à réduire les arrivées de migrants par la Manche, a été également confirmée dans ses fonctions, comme le ministre de la défense, Ben Wallace.

Le jeu de chaises musicales se traduit par la promotion de l’actuel secrétaire d’Etat chargé de la vaccination contre le Covid-19, Nadhim Zahawi, nommé à l’éducation après le succès de la campagne d’immunisation britannique. Nadine Dorries accède à la culture, poste sensible au moment où le gouvernement veut réformer la British Broadcasting Corporation (BBC) et privatiser la chaîne Channel 4.

Chute de popularité des conservateurs

Downing Street a présenté le remaniement comme un moyen de « mettre en place une équipe forte et unie pour reconstruire en mieux après la pandémie », avec pour « objectif d’unir et de niveler par le haut le pays tout entier ». Cette annonce intervient à un moment charnière pour le chef du gouvernement âgé de 57 ans, arrivé au poste de premier ministre à l’été 2019 et largement vainqueur des législatives de décembre 2019 avec la promesse de réaliser le Brexit, voté en 2016 mais alors dans l’impasse.

Un récent sondage de l’institut YouGov a montré une chute de popularité des conservateurs (à 33 %), dépassés par le Parti travailliste (35 %) pour la première fois depuis le début de l’année. Le gouvernement paye notamment l’annonce d’une hausse des prélèvements sociaux destinée à renflouer le système public de santé, mis à terre par l’épidémie de Covid-19, et à réformer le secteur de la dépendance. Cela porte le niveau des taxes au plus haut depuis l’après-seconde guerre mondiale, malgré la promesse électorale des conservateurs de ne pas augmenter les impôts.

@Le Monde avec AFP

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