Accident d’un téléphérique en Italie : «les câbles des appareils de la Compagnie du Mont-Blanc ne peuvent pas rompre»

L’accident dramatique d’un téléphérique, qui a provoqué la mort de 14 personnes en Italie à Stresa le 23 mai, ouvre des questions sur la sécurité des remontées mécaniques dans les Alpes françaises. Les acteurs du secteur estime cependant que les normes de sécurité sont très fortes en France.

Les accidents de téléphérique semblaient être de l’histoire ancienne dans les Alpes, alors que les technologies et les normes de sécurité des remontées mécaniques ont été poussées à un très haut degré d’exigence depuis le début du 21ème siècle. Mais la catastrophe de Stresa, où une cabine s’est écrasée provoquant la mort de 14 personnes dimanche 23 mai dans le Piémont en Italie, rappelle que le pire est toujours possible.

Si les conditions exactes de la catastrophe italienne ne sont pas encore connues, le responsable régional des secours alpins, Matteo Gasparini, a livré une première analyse au journal La Stampa.«Il ne s’agit que de suppositions, mais je crois qu’il y a eu un double problème : la rupture du câble et le dysfonctionnement du frein d’urgence. Nous ne savons pas pourquoi il ne s’est pas activé», a t-il déclaré. Les infrastructures de cette remontée mécanique datent de 1970 et le téléphérique avait été fermé pendant deux ans entre 2014 et 2016 pour des travaux d’entretien.

«La rupture d’un câble tracteur, c’est très rare»

Dans les Alpes françaises, une rupture d’un câble est-elle possible ? Le PDG de la Companie du Mont-Blanc, Mathieu Dechavanne, balaye cette hypothèse concernant les remontées mécaniques gérées par son entreprise. «Tous nos appareils sont différents du téléphérique de Stresa. Chez nous, les câbles sont tressés entre eux et ils ne peuvent pas se rompre de la sorte. Pour l’accident italien, le téléphérique fonctionnait avec un culot, ce n’est pas la même technologie. On peut être confronté à un autre type d’accident, mais c’est impossible qu’un câble se rompe sur un de nos téléphériques«, affirme le PDG de cet acteur majeur du secteur.

Basé à Saint-Martin d’Hères en banlieue de Grenoble, le Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés (STRMTG) est un organisme du ministère des Transports chargé de s’assurer de la sécurité des équipements en France. Sur les 3600 appareils en service dans les massifs français, 13 seulement sont basés sur la même technologie que le téléphérique de la Stresa, selon Daniel Pfeiffer, le directeur du STRMTG. «La rupture d’un câble tracteur, c’est très rare. L’un des derniers gros accidents avait eu lieu en 1998 en Italie quand un avion avait percuté un câble», dit-il.

En 2018, la Compagnie du Mont-Blanc avait arrêté le téléphérique de l’Aiguille du Midi

En Italie, Leitner, la société chargée de la maintenance du téléphérique accidenté, a déclaré que le système de freins avait été contrôlé pour la dernière fois le 3 mai, et qu’une simulation de situation d’urgence, avec rupture du câble et l’activation du frein d’urgence, avait été conduite avec succès en décembre. D’autres tests et travaux de maintenance ont été effectués ces derniers mois «comme prévu par la législation actuelle», selon Leitner.

Sans connaître les raisons précises qui ont conduit à la tragédie dans le Piémont, Daniel Pfeiffer explique que dans les Alpes françaises l’accent est mis sur la fiabilité absolue des câbles tracteurs, plutôt que sur le frein d’urgence. «On essaye d’aller vers quelque chose qui ne casse pas, plutôt que de prévoir un système de secours pour un câble qui pourrait lâcher», note le directeur du STRMTG.

En 2018, la Compagnie du Mont-Blanc avait mis à l’arrêt le téléphérique de l’Aiguille du Midi pour réparer un câble abîmé. «On avait arrêté le téléphérique de l’Aiguille du Midi pour une période de six mois, car on s’était rendu compte qu’il y a des travaux à faire et il n’était pas question de les repousser. On avait d’ailleurs devancé toute demandes des contrôles de sécurité des entreprises qui inspectent nos infrastructures», poursuit Mathieu Dechavanne.

«On a un contrôle de visu tous les jours sur les téléphériques»

Dans les Alpes françaises, des contrôles très stricts sont menés très régulièrement sur les installations. «On a un contrôle de visu tous les jours sur les téléphériques et une fois par semaine il y a un contrôle plus approndi. En France, tout est très normé»,  pointe Mathieu Dechavanne.

Même discours sur le domaine des Deux Alpes où le glacier ouvre ses pistes aux skieurs dès ce 29 mai. «Tout l’hiver, il y a des contrôles qui sont faits. Cet hiver les domaines étaient fermés, mais nos équipes continuaient à entretenir le manteau neigeux et elles utilisaient les remontées mécaniques pour monter en haut de la station. Les remontées ont été autant entretenues qu’au cours d’un hiver normal. Pour les contrôles de sécurité, nous avons des normes avec des dates précises et des contrôles menés par des organismes professionnels. C’est très légiféré, nous ne décidons pas de comment sont menés les contrôles de sécurité», dit Héléna Hospital, membre du service communication de la station des Deux Alpes.

«On attend les résultats des investigations en Italie pour en savoir plus», conclut Daniel Pfeiffer, le directeur du STRMTG.

@France3

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