Les Etats-Unis ont mené leur première exécution fédérale en dix-sept ans

La Cour suprême américaine avait autorisé la reprise des exécutions fédérales. Un ancien suprémaciste blanc condamné à mort pour un triple meurtre a été exécuté dans l’Indiana.

Un ancien suprémaciste blanc condamné à mort pour un triple meurtre a été exécuté mardi 14 juillet lors de la première exécution fédérale depuis dix-sept ans aux Etats-Unis, a annoncé le ministère américain de la justice.

Daniel Lee est mort à 8 h 07 (13 h 07, heure de Paris) d’une injection létale à la prison de Terre-Haute, dans l’Indiana, a précisé le ministère dans un communiqué envoyé à l’Agence France-Presse (AFP). « Vous tuez un homme innocent », a déclaré le condamné avant de mourir, selon un journaliste de l’Indianapolis Star qui a assisté à l’exécution.

Il avait été reconnu coupable en 1999 du meurtre d’un couple et de leur fillette de 8 ans dans l’Arkansas lors d’un cambriolage destiné à financer un groupe suprémaciste. Daniel Lee, 47 ans, devait être exécuté lundi mais des recours judiciaires de dernière minute ont retardé la procédure.

Dans la nuit, la Cour suprême a donné le feu vert aux autorités fédérales pour cette exécution, la première depuis 2003, sous l’impulsion du gouvernement de Donald Trump qui réclame un usage renforcé de cette sanction. Deux autres exécutions fédérales sont programmées cette semaine, et une quatrième à la fin du mois d’août.

Quatre exécutions programmées

Ces quatre exécutions concernent des hommes condamnés à la peine de mort par des tribunaux fédéraux pour meurtre d’enfants. A la suite de recours de dernière minute, la juge fédérale Tanya Chutkan avait suspendu lundi ces exécutions, notamment celle de Daniel Lewis Lee prévue le jour même à 21 heures, heure de Paris.

La juge Chutkan avait considéré que l’ensemble des recours déposés par les quatre condamnés n’avaient pas été menés à leur terme. « Il n’est pas de l’intérêt général de court-circuiter une procédure judiciaire légitime », a-t-elle déclaré.

La Cour suprême, saisie par le ministère de la justice, a cependant estimé que les condamnés n’avaient « pas fait le nécessaire pour justifier l’intervention en dernière minute d’un tribunal fédéral »« Nous cassons l’injonction préliminaire de la cour de district et les exécutions peuvent avoir lieu comme prévu », a conclu la Cour suprême, tôt mardi.

Appels à la clémence

A l’approche de l’échéance, les appels s’étaient multipliés pour que le président des Etats-Unis, Donald Trump, fasse preuve de clémence envers Daniel Lee. « En tant que partisane du président Trump, je prie pour qu’il entende mon message : l’exécution de Danny Lee pour le meurtre de ma fille et de ma petite-fille n’est pas ce que je veux et apportera plus de douleur à ma famille », a déclaré Earlene Peterson, opposée à la peine capitale par conviction religieuse.

Avec d’autres membres de la famille, elle avait introduit un recours en justice pour obtenir un report de l’exécution. Invoquant leur vulnérabilité au nouveau coronavirus, ils ont plaidé qu’ils se trouvaient face à un choix impossible entre leur droit d’assister à l’exécution du condamné et le respect de leur santé.

Un millier de responsables religieux, catholiques et évangéliques ont également appelé le président à se « concentrer sur la protection de la vie et non sur les exécutions » en ces temps de Covid-19. Vendredi, l’Union européenne lui a demandé de « reconsidérer » une position qui, selon elle, « va à l’encontre d’une tendance générale aux Etats-Unis et dans le monde d’abolir la peine de mort, par la loi ou en pratique ».

De fait, « seules » 22 exécutions ont eu lieu en 2019 aux Etats-Unis et sept depuis le début de l’année. La plupart des crimes sont jugés au niveau des Etats, mais la justice fédérale peut se saisir des actes les plus graves (attentats, crimes racistes…) ou commis sur des bases militaires, entre plusieurs Etats ou dans des réserves amérindiennes.

Trois exécutions fédérales en quarante-cinq ans

Au cours des quarante-cinq dernières années, seules trois personnes ont été exécutées au niveau fédéral, dont Timothy McVeigh, responsable de l’attentat d’Oklahoma City (168 morts en 1995) en 2001. La dernière exécution fédérale remonte à 2003.

A la surprise générale, le ministre de la justice, William Barr, avait toutefois annoncé il y a un an son intention de renouer avec cette pratique. Après une série de rebondissements judiciaires, il a fixé en juin le calendrier, au moment même où les cas de Covid-19 repartaient à la hausse dans une grande partie du pays.

Selon les sondages, les Américains qui soutiennent la peine de mort sont de moins en moins nombreux, même s’ils sont une majorité chez les électeurs républicains, qui sont 77 % à être favorables au recours à la peine maximale pour les meurtriers. Devant ses partisans, Donald Trump, qui espère remporter l’élection présidentielle pour un second mandat, le 3 novembre, réclame régulièrement un usage renforcé de cette sanction ultime, notamment pour les tueurs de policiers ou les trafiquants de drogue.

© Le Monde avec AFP

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