«Tous les réalisateurs au Fespaco sont des stars du cinéma africain»

Bon anniversaire Fespaco ! Ce samedi 23 février, dans l’après-midi, une spectaculaire cérémonie d’ouverture au stade municipal de Ouagadougou marquera le début des festivités du cinquantenaire du plus grand rendez-vous du cinéma africain au monde. 160 films de tout le continent africain sont programmés, dont 20 films de 16 pays africains en lice pour la plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma, l’Étalon d’or de Yennenga. Entretien avec Ardiouma Soma, délégué général du Fespaco, sur les défis de cette édition spéciale.

RFI : Le pays invité d’honneur de cette édition cinquantenaire du Fespaco est le Rwanda. Quelle est pour vous la particularité du cinéma rwandais ?

Ardiouma Soma C’est une tradition du Fespaco d’inviter à chaque édition un pays. Et il ne s’agit pas forcément d’un grand pays de cinéma, parce que dans certains pays, l’industrie cinématographique est en construction. Néanmoins, quand il y a une vraie volonté de la développer, le rôle du Fespaco est alors d’encourager ces initiatives. Mais, nous avons aussi eu comme pays invité d’honneur de très grands pays de cinéma comme l’Égypte ou le Sénégal où existe une vraie politique de cinéma. Dans d’autres pays, il y a des talents, mais pas forcément suffisamment de structures pour les soutenir. Donc, nous mettons la lumière sur des pays avec des situations très différentes.

Après 50 ans d’existence, quel est le plus grand défi pour le Fespaco aujourd’hui ?

Pour cette édition cinquantenaire, nous avons invité l’ensemble des professionnels du cinéma du continent africain et tous nos partenaires, pour réfléchir tous ensemble sur la mémoire et l’avenir du cinéma panafricain. Pourquoi ? Parce que le cinéma d’Afrique et de la diaspora existe depuis très longtemps. C’est une édition pour se rendre compte de la richesse de cette mémoire et de la mise en valeur de ce patrimoine pour nourrir la création et la production actuelle et du futur. Nous avons eu sur le continent un cinéma de combat pour les luttes des libérations des différents pays africains et aussi un cinéma de combat pour la diversité des cultures de ce continent. Aujourd’hui, nous nous réunissons pour aborder également la dimension économique de la culture, du cinéma et de l’audiovisuel. Nos industries cinématographiques doivent être au service du développement économique de nos pays.

Quel est votre plus ancien souvenir du Fespaco ?

J’ai beaucoup de souvenirs. Je suis au Fespaco depuis 1988, cela fait 31 ans. L’un des souvenirs les plus marquants reste certainement les rencontres avec Ousmane Sembène, ce très grand cinéaste, et sa vision du cinéma africain. Depuis le début du Festival en 1969, Ousmane Sembène est toujours resté fidèle au Fespaco, jusqu’à sa mort en 1987.

Après de nombreuses attaques terroristes ces derniers mois dans le nord et l’est du Burkina Faso, la sécurité est devenue l’un des grands enjeux de cette édition 2019. Comment comptez-vous rassurer les festivaliers à Ouagadougou ?

Nous avons pris toutes les mesures nécessaires. D’un autre côté, la sécurité est aujourd’hui devenue un problème mondial. Et ce problème mondial peut uniquement être résolu au niveau mondial. Des festivals comme le Fespaco sont des points de rencontre pour parler de la culture et de la démocratie pour combattre les forces du Mal. Nous faisons tout le nécessaire pour que la situation soit sous contrôle. Et les festivaliers peuvent faciliter le travail des agents de sécurité en évitant d’amener de grands sacs à main ou de grands sacs à dos.

En amont du cinquantenaire, beaucoup de noms de stars ont circulé. Les rumeurs annonçaient entre autres la venue d’Omar Sy, de Jamel Debbouze, mais aussi des stars de Hollywood et Nollywood comme Will Smith ou Jackie Appiah… Quelles seront les plus grosses têtes d’affiche sur le tapis rouge du Fespaco ?

Pour moi, en tant qu’organisateur du Fespaco depuis 31 ans, tous les cinéastes dont les films ont été retenus dans la compétition ou dans les sections, sont des stars. Nous avons environ 160 films dans le programme. Pour moi, tous ces réalisateurs et réalisatrices, tous les comédiens et comédiennes, ce sont tous des stars du cinéma africain voire du cinéma tout simplement.

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