Après avoir ravagé St-Barth et St-Martin, l’ouragan Irma menace Porto Rico

Mer déchaînée, toits arrachés, bateaux projetés sur les routes: l’ouragan Irma a violemment frappé mercredi les îles française de Saint-Barthélemy et franco-néerlandaise de Saint-Martin, faisant au moins six morts à Saint-Martin côté français, et menace désormais les îles Vierges et Porto Rico.

Concernant les six morts à Saint-Martin, le préfet de la Guadeloupe, un département d’Outre mer français voisin, a averti que «le bilan n’est pas définitif. Loin de là».

«Nous risquons malheureusement de faire d’autres découvertes», a précisé Eric Maire aux journalistes, soulignant qu'»on estime peut-être à 60%, 70% les habitations détruites à Saint-Martin».

Le précédent bilan côté français était d'»au moins deux morts». Le président français Emmanuel Macron a prévenu qu’il fallait s’attendre à «un bilan dur et cruel» et à des «dégâts matériels considérables».

Le bilan pourrait être d’autant plus dramatique sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy qu’environ 7.000 personnes avaient refusé de se mettre «à l’abri» selon la ministre française des Outre-Mer, Annick Girardin.

Irma, ouragan de catégorie 5, devrait frapper les îles Vierges et longer la côte nord de Porto Rico «au cours des prochaines heures», selon le National hurricane center (NHC) américain, avant de progresser vers la République dominicaine, Cuba, puis la Floride, selon les prévisions.

Barbuda toujours injoignable

Les dégâts sont énormes, à tel point que nous n’arrivons pas encore à les mesurer», a commenté le ministre néerlandais de l’Intérieur Ronald Plasterk, ignorant «s’il y a des blessés ou des morts».

Le port et l’aéroport du côté néerlandais de l’île de Saint-Martin ont gravement été touchés par la catastrophe, selon l’agence de presse néerlandaise.

Sur les réseaux sociaux, des photos et vidéos dévoilent l’ampleur des dégâts sur les deux îles, où l’électricité et les télécommunications sont coupées: bateaux transformés en petits bois dans un port, arbres étêtés par des rafales de vent, toitures envolées, voitures immergées dans les rues.

Un journaliste de la radio RCI international, présent à Saint-Martin, a de son côté évoqué la présence de jeunes gens «en train de piller le centre-ville».

L’ouragan, qui a contraint l’avion transportant le pape François en Colombie à modifier son plan de vol, avait auparavant touché l’île de Barbuda, injoignable depuis.

Irma «est d’ores et déjà un ouragan historique» et «d’une intensité sans précédent sur l’Atlantique», selon Météo-France. Il est plus puissant qu’Harvey, qui a récemment frappé le Texas et la Louisiane, y faisant au moins 42 morts.

Les Keys évacués

Sur sa route, il passera au cours de la nuit «au nord de Porto Rico», touché par d’intenses pluies et où on comptabilise déjà plus de 700 réfugiés. Le système électrique a cessé de fonctionner par endroits.

«Nous sommes habitués, en vivant ici, à une saison des ouragans qui dure 6 mois», expliquait Catia Roman, à Porto Rico. «Mais c’est la première fois que nous allons faire l’expérience d’un ouragan de cette catégorie».

Le président américain Donald Trump, qui possède une villa à Saint-Martin, a placé les îles Vierges américaines, Porto Rico et la Floride en état d’alerte.

A Cuba, où Irma est attendu «dans les 48 à 72 heures» selon l’état-major de la Défense civile, l’état d’alerte a été déclaré dans les provinces orientales.

A Haïti, les habitants de Cap-Haïtien semblaient apprendre l’arrivée de l’ouragan au gré des conversations.

«C’est grâce au bouche-à-oreille qu’on apprend toujours les choses. Nous sommes en bord de mer mais aucune autorité n’est venue nous dire quoi que ce soit», enrageait Josué Rosse, après avoir creusé un tronc d’arbre pour s’en faire une barque.

Le sud de la Floride, lui, se préparait. L’évacuation des Keys, chapelet d’îles dans l’extrême sud de l’État, a été ordonnée.

Branson dans sa cave à vin

A Miami, de longues files d’attente se sont formées devant les stations-services et les habitants se ruaient dans les supermarchés. Les autorités ont prévenu que les commerçants qui augmenteraient les prix pour profiter de la pénurie seraient poursuivis.

Dans les îles Vierges britanniques, bien décidé à ne pas quitter son île privée de Necker Island, le milliardaire Richard Branson a prévu de se réfugier dans sa cave à vin. «J’imagine qu’il y aura un peu moins de vin dans le cellier quand nous en ressortirons», a plaisanté le Britannique sur Twitter.

D’autant qu’Irma pourrait bien être suivi par Jose: cette tempête tropicale actuellement au milieu de l’Atlantique a été reclassifiée en ouragan par le NHC, tout comme la tempête Katia. Jose devrait s’approcher de la catégorie 3 vendredi.

De l’autre côté du Golfe du Mexique, à 300 km au nord-est de la ville mexicaine de Veracruz, se trouve le désormais ouragan Katia avec des vents de 120 km/h qui devraient eux aussi se renforcer dans les prochaines 48 heures.

«Katia pourrait toucher l’Etat de Veracruz vendredi soir», et impacter près d’un million de personnes, selon le gouvernement de cet Etat du Mexique.

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©AFP