Ces affaires qui ont coûté leur place à quatre ministres

Deux affaires, l’une immobilière, l’autre sur de possibles emplois fictifs d’assistants parlementaires au MoDem, sont à l’origine des démissions en chaîne de quatre ministres du premier gouvernement Macron.

Installé après une présidentielle marquée par les affaires touchant François Fillon et le FN, le nouvel exécutif a répété pendant un mois que seule une mise en examen, et non l’ouverture d’une enquête, pouvait motiver le départ de ministres mis en cause.

Aucune des affaires qui empoisonnent le début du quinquennat n’a cependant donné lieu à ce stade à une mise en examen de Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez ou Sylvie Goulard.

Richard Ferrand et les Mutuelles de Bretagne

A peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, très proche d’Emmanuel Macron, est épinglé par un article du Canard enchaîné. L’hebdomadaire révèle qu’en 2011 les Mutuelles de Bretagne, qu’il dirigeait alors, avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne.

Après avoir estimé dans un premier temps que les faits ne constituaient pas une infraction et ne permettaient pas d’ouvrir une enquête, le procureur de Brest annonce le 1er juin l’ouverture d’une enquête préliminaire, au vu d'»éléments complémentaires».

Face aux révélations et aux appels à la démission, Richard Ferrand dément vigoureusement toute irrégularité et exclut de partir.

Lundi, tout juste réélu député du Finistère, il annonce finalement qu’il quitte le gouvernement pour briguer la présidence du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, qui vient d’obtenir la majorité absolue aux législatives.

Un poste important et qui exposerait moins l’exécutif si l’enquête tournait en se défaveur.

Le MoDem et ses assistants parlementaires

Tout commence avec une dénonciation d’une élue FN, parti lui-même touché, comme sa présidente Marine Le Pen, par une affaire d’emplois fictifs présumés au Parlement européen.

En mars, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour «abus de confiance», visant 19 eurodéputés, dont deux du MoDem: son ancien vice-président Robert Rochefort et Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou, le président du parti.

Radio France affirme qu’entre 2009 et 2014 une dizaine de salariés du parti centriste étaient parallèlement collaborateurs des députés européens du MoDem, au profit notamment de Mme de Sarnez, devenue ministre des Affaires européennes, et de Sylvie Goulard, désormais ministre des Armées.

Le 9 juin, la justice annonce l’ouverture d’une enquête pour «abus de confiance» afin de déterminer si le MoDem a illicitement salarié des employés sur des fonds européens. Les cas Sarnez et Rochefort sont joints à cette enquête.

Le parti assure avoir respecté «toutes les règles». Après que le Canard enchaîné a évoqué le cas de sa secrétaire particulière, le ministre de la Justice François Bayrou se dit «sûr de l’issue et des preuves qui seront immanquablement apportées» par l’enquête.

Alors qu’il porte le projet de loi sur la moralisation de la vie publique, le garde des Sceaux essuie de vives critiques: pour un tweet fin mai où il reprend le communiqué de défense de Mme de Sarnez, et pour un appel à Radio France pour se plaindre des appels répétés de journalistes à son parti. Appel qui lui vaut une passe d’armes avec le Premier ministre Edouard Philippe.

Mardi, Sylvie Goulard annonce sa décision de quitter le gouvernement pour «démontrer librement» sa «bonne foi» dans l’enquête, mettant sous pression les deux derniers ministres MoDem du gouvernement.

Mercredi, François Bayrou et Marielle de Sarnez annoncent à leur tour leur départ. De leur plein gré, assurent-ils. La seconde prendra la tête du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, fort de 42 élus.

©AFP