La communauté internationale s’inquiète du « coup d’Etat » de Maduro au Venezuela

La condamnation est unanime. Seule la Bolivie du président Evo Morales a défendu le chef d’Etat vénézuélien.

Une pluie de critiques internationales s’est abattue sur le président Nicolas Maduro, accusé de coup d’Etat au Venezuela après la décision du Tribunal suprême de justice (TSJ) ou Cour suprême de s’accaparer la prérogative du Parlement d’édicter des lois. Le régime présidentiel vénézuélien concentre désormais tous les pouvoirs : exécutif, armée, justice et législatif.

De l’Union européenne au secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, en passant par les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, la Colombie, le Chili, le Guatemala, Panama ou le Mexique, tous ont condamné la « rupture de l’ordre constitutionnel » ou le « coup d’Etat » au Venezuela, réclamant de « rétablir l’ordre démocratique ». Le Pérou a rappelé son ambassadeur à Caracas.

L’opposition vitupère

« Une dictature règne » au Venezuela. « Le moment est venu de crier à l’aide de la communauté internationale », a lancé depuis la Colombie Henrique Capriles, l’un des principaux opposants vénézuéliens.

« Au Venezuela, il y a une dictature avec tous les symptômes de crise humanitaire, de violation systématique des droits de l’homme », a lancé Lilian Tintori, épouse de l’opposant Leopoldo López, condamné à quatorze années de prison. Celui-ci a demandé sur Twitter aux Vénézuéliens de descendre dans la rue « pour dénoncer la dictature et sauver la démocratie ».

De son côté, le député d’opposition Henry Ramos Allup, également ancien président du Parlement unicaméral du pays, a appelé les parlementaires à « continuer à exercer [leurs] fonctions, quels que soient les risques, car nous n’avons pas été désignés députés, mais nous avons été élus ».

Critiques en Espagne

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, s’est inquiété vendredi 31 mars de la décision de la Cour suprême. « Sans séparation des pouvoirs, la démocratie est brisée. Pour la liberté, la démocratie et l’Etat de droit au Venezuela », a tweeté le dirigeant conservateur.

L’Espagne, principal interlocuteur de l’Amérique latine au sein de l’Union européenne, a reçu ces dernières années de nombreux émigrés vénézuéliens fuyant la grave crise économique et politique que connaît leur pays. Vendredi matin, la plupart des journaux consacraient leurs gros titres au Venezuela : El Pais titrait « Maduro annule le Parlement pour consolider sa dictature », tandis que La Razon (conservateur) consacrait son éditorial au « Coup d’Etat au Venezuela ».

Le Parti populaire (droite), au pouvoir en Espagne, soutient ouvertement les opposants vénézuéliens, notamment Lilian Tintori, femme de l’opposant Leopoldo Lopez emprisonné au Venezuela.

« Je voudrais condamner, au nom du gouvernement et du peuple chilien, toute situation qui altère l’ordre démocratique au Venezuela », a déclaré la présidente du Chili, Michelle Bachelet, devant un parterre d’hommes d’affaires à Lisbonne. Dès jeudi, elle avait qualifié sur son compte Twitter de « très préoccupante » la crise politique au Venezuela. « En Amérique latine, nous devons défendre la coexistence démocratique dans nos sociétés », avait-elle écrit.

Condamnation à Washington

Les Etats-Unis se sont élevés contre une « rupture des normes démocratiques et constitutionnelles » et ont appelé « au rétablissement des pouvoirs de l’Assemblée, à la tenue d’élections aussi vite que possible et à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques ».

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a jugé que le gouvernement de Maduro avait mené un « auto-coup d’Etat » et porté un « coup final par lequel le régime subvertit l’ordre constitutionnel du pays et en finit avec la démocratie ». Luis Almagro a demandé vendredi à son Conseil permanent de convoquer d’urgence une réunion pour se pencher sur la crise politique au Venezuela.

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