À l’entrée de la Khaïma* le Chef-propriétaire Atigh vous accueille avec un chaleureux sourire et une joie de vivre dans la pure tradition des peuples nomades du désert. Des coussins confortables invitent à la détente et on se laisse bercer par les mélopées mauritaniennes.
Propriétaire, chef et même serveur à l’occasion, Atigh avoue que son plus grand plaisir est de partager l’expérience de vie nomade avec sa clientèle. Celle-ci est très diversifiée, à l’image de la métropole montréalaise. Vous y croiserez des africains qui veulent se replonger dans la chaleur de leurs racines, des gens d’ici qui ont soif de découvrir d’autres cultures, des amoureux des épices du nord et de l’ouest Africain, des habitants du quartier ou des musiciens de passage. Comme il le dit : «on y vient en famille ou avec des amis pour vivre une expérience intemporelle, se remémorer des souvenirs de voyages ou juste passer une belle soirée tranquille, sans stress, sans hâte, en sirotant un délicieux thé à la menthe ou du jus de Bissap*sous la khaïma «.
La philosophie de la Khaïma? Acheter et manger local et biologique, un réseautage de quartier, économiser de l’énergie, recycler et favoriser le commerce équitable. Ce style de vie rappelle celui des nomades du désert qui ne peuvent se payer le luxe de gaspiller les ressources.
Au menu, trois entrées et autant de plats principaux comme de la viande tendre et juteuse parfumées d’épices envoutantes, en boulettes, en tajine ou au grill, du bon riz au poisson comme à Saint-Louis du Sénégal. Il propose aussi du Yassa au poulet, du mafé, version végétarienne, qui laisse plus de place aux légumes et donne une saveur spéciale de beurre d’arachide. Pour accompagner le tout, le bon jus Atigh’s de fleurs d’hibiscus, trois services de thé à la menthe (appelés les trois normaux pour les initiés), les récits et chants du désert natal du Chef qui a des talents cachés de conteur. Les amateurs de vin peuvent apporter leur bouteille.
A propos de son fameux jus de bissap qu’il commercialise sous le nom d’Atigh’s, il nous confie que son intérêt pour la fleur d’hibiscus date de son enfance. Il parcourait le chemin entre son école et la maison familiale à pied, ponctué d’innombrables pauses pour savourer du jus d’hibiscus glacé, préparé et vendu par les femmes de sa ville natale. Il a d’ailleurs souvent aidé une vieille voisine à préparer la fameuse boisson.
Quelques années plus tard, en 2003 dans son restaurant dans le Mile-End, une cliente montréalaise qui avait découvert les vertus du bissap en Afrique de l’Ouest l’a encouragé à en préparer pour la St-Jean Baptiste. Ce jour là, Atigh en a fait goûter à plus de 1600 personnes, un franc succès! Ce qui l’encourage à mettre en place une petite production bio et naturelle de cette boisson qu’il distribue dans les commerces locaux et dans son restaurant. Son rêve est de créer un commerce équitable de la fleur d’hibiscus afin que les femmes mauritaniennes qui en font la récolte puissent en profiter.
Atigh donne une image de cette Afrique heureuse où les gens partagent le peu qu’ils ont et vivent en harmonie. Une Afrique qui existe depuis des millénaires et qu’il veut faire découvrir à sa clientèle a travers son restaurant. Il organise aussi une caravane du désert dans son pays natal, la Mauritanie. En nous décrivant le périple qui va les mener sur la route du sel empruntée par les caravaniers son regard s’illumine et sa passion nous emporte déjà à la découverte de ces lieux magiques.
Nous nous laissons emporter dans le monde d’Atigh, sur les coussins doux et soyeux, sous cette tente tapissée de couleurs chaudes, de la courtepointe faite par la main d’une mère aimante pour son fils si loin d’elle. Le regard lointain, détendus sous la khaîma, nous sommes transposés sur les dunes de sable du désert qu’Atigh évoque dans un murmure…
* Khaîma : tente des nomades du désert
*Bissap (ou sorrel) : fleurs d’hibiscus.
